Attentats en Europe : l’expulsion de suspects marocains s’accélère
Par Houari Achouri – Le rythme des expulsions de Marocains, pour cause de terrorisme, va-t-il connaître une accélération en France et dans les autres pays européens ? Leur implication est établie dans quasiment tous les attentats qui ont frappé l’Europe ces derniers mois. La machine qui renvoie vers leurs pays d’origine les terroristes marocains installés en Europe, est déjà enclenchée.
Jeudi, trois Marocains (dont deux frères), vivant à Trappes (Yvelines, région parisienne), ont été expulsés vers le Maroc «en raison des liens qu’ils entretiennent avec la mouvance islamiste radicale», a fait savoir le ministère français de l’Intérieur. Depuis le début de l’état d’urgence en novembre 2015, 51 arrêtés ministériels d’expulsion ont été exécutés en France, selon la même source.
L’histoire du terroriste marocain qui a justifié l’expulsion de ses deux frères, telle que rapportée par les médias français, est incroyable : condamné à cinq ans de prison, le 23 mars 2016, pour sa tentative de rejoindre les groupes terroristes en Syrie, Bilal Taghi, 24 ans, était détenu dans une «unité de prévention de la radicalisation» de la maison d’arrêt d’Osny (Val-d’Oise). Il est passé à l’action, à l’intérieur même de la prison, au nom de Daech et selon son mode opératoire, en blessant, en septembre 2016, deux de ses gardiens avec un couteau artisanal ; «une première», a constaté le parquet antiterroriste.
«Liens avec la mouvance islamiste radicale», ce soupçon est suffisant pour constituer un risque et la France ne veut plus s’en accommoder. Ce n’est pas la première mesure d’expulsion prise par les autorités françaises contre des Marocains. En août 2016, deux Marocains qui s’apprêtaient, la dernière semaine des vacances d’été, à attaquer, pour le compte de Daech – et avec son mode opératoire (armes à feu comme à Paris et voiture-bélier contre la foule comme à Nice) – des lieux publics, restaurants et night-clubs, sur la place de la République, en plein cœur de Metz, dans l’est de la France, ont été renvoyés vers le Maroc. L’un des deux Marocains était chargé de coordonner des «opérations terroristes d’envergure» en France au nom de Daech.
L’Italie également ne veut pas prendre de risque avec les Marocains «radicalisés», liés à Daech d’autant plus qu’il s’agit d’«attentats terroristes d’envergure», pour reprendre la formule qui désigne la nouvelle menace créée par cette organisation terroriste en Europe. Le 19 août 2017, juste après le double attentat de Barcelone revendiqué par Daech, qui a fait 15 morts et 120 blessés, l’Italie a annoncé l’expulsion de deux Marocains et d’un Syrien, soupçonnés d’avoir des liens avec Daech. Déjà, un mois avant, en juillet, un Marocain de 22 ans, soupçonné d’être lié à Daech, avait été expulsé. En mai 2016, un autre Marocain a été expulsé d’Italie après qu’on a prouvé qu’il entretenait une correspondance avec un compatriote proche de Daech.
Les expulsions de Marocains, considérés comme liés à Daech et donc dangereux, font partie des principales mesures pour prévenir les attaques terroristes dans les pays européens. En Espagne, les trois terroristes marocains condamnés chacun à 12 ans de prison pour les attentats dans des trains de banlieue le 11 mars 2004 qui ont fait 192 morts dans la capitale espagnole seront expulsés vers le Maroc cette année.
H. A.
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