Qui parle de dialogue ?
Par Kamel Moulfi – Que devient le dialogue annoncé par l’ex-Premier ministre Abdelmadjid Tebboune ? A-t-il été annulé ? Reporté ? Modifié dans ses modalités ? Personne ne le sait.
Paradoxalement, sur cette question, c’est non pas le nouveau Premier ministre, Ahmed Ouyahia, mais un ancien chef de l’Exécutif passé à l’opposition, Ali Benflis, qui prend le relais pour affirmer qu’il n’y a pas d’autre voie que celle du «dialogue véritable entre toutes les forces vives de la nation». La rentrée sociale va se faire en l’absence de tout cadre de concertation, comme si le gouvernement se sentait en mesure de faire tout, tout seul, y compris dans un climat d’incertitude tel que celui que l’on connaît en ce moment.
La décision qui avait été prise par les «partenaires économiques et sociaux» d’un côté et Tebboune de l’autre, concernant la réunion de la tripartite fixée au 23 septembre, a été annulée moins d’un mois après par les mêmes «partenaires économiques et sociaux» réunis cette fois autour d’Ahmed Ouyahia. Il est vrai que dans le contexte différent, créé par le limogeage de Tebboune, cette réunion de la tripartite, a perdu tout son sens puisqu’elle était destinée à un exercice d’évaluation dont certains patrons ne voulaient pas, pour des motifs inavoués mais que tout le monde a saisis. Ce report sine die reste lourd de non-dits qui inspirent toutes les interprétations.
L’inertie politique, voire l’impasse, ressentie actuellement, tombe au mauvais moment avec une rentrée sociale qui combine les problèmes rencontrés habituellement autour de l’Aïd et du début de l’année scolaire. Les syndicats du secteur de l’enseignement sont plutôt pessimistes sur les conditions dans lesquelles élèves et enseignants vont reprendre le chemin de l’école. Il s’agit à la fois des aspects pédagogiques, notamment le cafouillage sur les livres scolaires, et matériels avec un pouvoir d’achat laminé par l’inexistence d’un contrôle des prix sur le marché. N’est-il pas urgent pour le gouvernement de faire quelque chose, pour aller vers l’apaisement, redonner confiance à la population et la remobiliser ?
K. M.
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