23 000 islamistes dans le collimateur des services de renseignement britanniques
Par Ramdane Yacine – La Grande-Bretagne fait le ménage dans ses extrémistes, leurs prédicateurs et souteneurs. Il aura fallu la victoire du Brexit au Royaume-Uni pour que les Anglais reconnaissent enfin les conséquences dramatiques de leur politique laxiste envers les extrémistes religieux d’origine musulmane.
Nigel Farage, député européen britannique, a évoqué l’existence de 23 000 personnes fichées en Grande-Bretagne en rapport avec le terrorisme. «Nous pensions qu’au contraire de la France ou de la Belgique, nous avions des services au top niveau sur ce problème», a-t-il déclaré sur la chaine française TV Liberté. Et d’ajouter : «Je pense dans une certaine mesure que nous avons été imprudents car on nous a dit que 13 attaques terroristes majeures avaient été déjouées, puis nous avons eu ces 13 attentats, et maintenant nous apprenons qu’il y a 23 000 personnes fichées pour terrorisme ou en lien avec des terroristes.»
Nigel Farage reconnaît que la situation est grave : «C’est une situation absolument horrifiante et je pense franchement que nos gouvernements, pas seulement le nôtre, le vôtre (français, ndlr) aussi, ont une très lourde responsabilité pour ce qu’ils ont fait à nos sociétés.»
L’élu britannique – qui a lutté pendant 20 ans pour sortir son pays de l’Union européenne – dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas à propos des erreurs stratégiques commises par les gouvernements européens – spécialement français, britanniques et allemands – dans leur approche de l’extrémisme religieux. Ces erreurs et leur permissivité les ont amenés à faire de leur pays des bases arrières pour les groupes islamiques armés (GIA) en Algérie dans les années 1990-2000.
Les sanglants attentats commis sur son sol par les terroristes se réclamant du djihad islamique, ont entamé la traditionnelle tolérance de la Grande-Bretagne à l’égard des activistes de tous ordres réfugiés sur son sol. De longues années durant, les gouvernements britanniques avaient protégé de l’expulsion ou de l’extradition des réfugiés soupçonnés d’actes terroristes. Au nom de cette tolérance «intéressée» et purement british, des collectes d’argent pour le GIA algérien ont eu lieu en plein cœur de Londres dans les années 1990. Durant ces années-là, les autorités britanniques assuraient une protection aux cellules de soutien aux groupes islamistes armés en Algérie, qui activaient sous de multiples labels associatifs ou religieux. A cette époque, la collecte de fonds à Trafalgar Square pour le compte du GIA se faisait sous la protection de la police londonienne.
Il convient aussi de rappeler la présence sur le sol britannique de nombreux prédicateurs extrémistes, tels Omar Abdel-Rahmane, Abou Qatada et d’autres, qui ont endoctriné des milliers de jeunes durant la vague de migration d’Algériens vers ce pays à la même période, sans compter les filières pakistanaise, afghane, etc. En effet, la Grande-Bretagne est le pays – la ville de Londres en particulier – où l’islamisme moderne, la radicalité de l’islam s’est développée dans les années 1970-1980. Cet afflux avait même valu à Londres d’être rebaptisée «Londonistan». Les extrémistes prêchaient en toute liberté sans aucune forme de censure.
Le 7 juillet 2005, les attentats de Londres qui firent 52 morts, marquent un premier point de rupture avec la politique du respect de la «liberté d’expression». Abou Hamza et Omar Bakri, deux prêcheurs radicaux qui avaient pignon sur rue, sont alors bannis du territoire britannique pour incitation au djihad. Mais d’autres, comme Anjem Choudary, ont rapidement pris la suite ; cet homme d’origine pakistanaise, ainsi devenu le prédicateur le plus connu du Royaume-Uni, a été condamné à dix ans de prison en 2016 pour avoir soutenu l’organisation Etat islamique et appelé sur Youtube les musulmans britanniques à partir en Syrie.
R. Y.
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