Lang confirme son allégeance absolue au régime monarchique de Rabat
Par Sadek Sahraoui – Depuis son intronisation à la tête de l’Institut du monde arabe (IMA) en 2013, Jack Lang ne rate pas une occasion de faire la promotion du Maroc et de lécher les bottes de Mohammed VI. Mais cela se comprend. L’ancien ministre de la Culture sous François Mitterrand a laissé de nombreuses factures impayées dans les hôtels luxueux de Marrakech où il a l’habitude de s’adonner à des orgies inénarrables. Et en plus des factures des plus salées. Et tout laisse penser que Jack Lang ait décidé derechef de se mettre au service du Makhzen dans l’espoir, justement, de voir ses dettes effacées un jour.
Pour s’acquitter de l’une de ces factures, l’ancien compagnon de François Mitterrand n’a récemment rien trouvé de mieux à dire pour flatter l’égo de Mohammed VI que de soutenir mordicus que «le Maroc est l’un des pays les plus créatifs et les plus inventifs du monde arabe, à travers les écritures, l’architecture, l’expression musicale et, aujourd’hui encore, dans l’art contemporain et le cinéma». Et, bien entendu, il ne dit pas quelles sont ces innovations.
Quoi qu’il en soit, c’est de cette manière qu’il justifie la présence en force du Maroc dans le programme de l’IMA, une institution qui, faut-il le rappeler, est financée par tous les pays arabes, y compris par l’Algérie. Une présence qui, poursuit-il, sera encore plus forte à l’avenir. «La contribution du Maroc et des Marocains à l’IMA est sans prix, elle est exceptionnelle. Le Maroc est un pays d’exception, les relations entre le Maroc et la France sont des relations d’exception», a-t-il souligné dans un entretien accordé à la MAP à l’occasion du 30e anniversaire de l’IMA. «Le Maroc est ici chez lui et les Marocains sont ici chez eux. Certains parfois expriment des sentiments d’envie mais je leur réponds : le Maroc est le Maroc», a-t-il insisté en soulignant à ce propos la signification hautement symbolique de la place attenante à l’IMA baptisée du nom de feu Mohammed V.
Bien évidemment, Jack Lang a profité de l’occasion pour faire une nouvelle fois allégeance à Mohammed VI, son créancier bienfaiteur. «Le roi Mohammed VI a une sympathie particulière pour l’IMA, Il nous a fait l’honneur de nous rendre visite à plusieurs reprises (…). Tout au long des trente années d’existence de l’IMA, le Maroc a toujours été présent et j’ai veillé personnellement à ce que ce soit le cas», a-t-il avoué tout en occultant, bien sûr, la terrible répression dont est victime la population du Rif depuis près d’une année.
S’agissant du programme mis au point dans le cadre des festivités marquant le 30e anniversaire de l’IMA, là encore Jack Lang a fait la part belle au Maroc. Il a indiqué que tout au long des prochaines semaines, différents évènements seront organisés, citant notamment la deuxième édition de la Biennale des photographes du monde arabe contemporain qui s’ouvrira le 13 septembre, au cours de laquelle un hommage sera rendu à la photographe marocaine feu Leila Alaoui. Il a cité également l’exposition «Chrétiens d’Orient, 2000 ans d’histoire», qui devrait être inaugurée le 26 septembre par le président français, Emmanuel Macron, une série de «cartes blanches» qui seront données à plusieurs personnalités du monde de la culture, dont l’écrivain et journaliste marocain Tahar Benjelloun.
Le président de l’IMA a fait savoir, par ailleurs, que dans le cadre de l’ouverture de l’Institut sur le monde économique, un important forum sur le développement sera organisé, le 19 septembre, en vue de mettre en lumière les liens étroits entre la France, le monde arabe et l’Afrique.
Ce forum connaîtra la participation de nombreuses personnalités du monde de l’économie, notamment en provenance du… Maroc. Question à un dinar : jusqu’à quand l’Algérie continuera-t-elle de financer un institut qui est au service exclusif d’un pays tiers ?
S. S.
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