Le Qatar ingrat exonère les Marocains du visa et exclut les Algériens
Par R. Mahmoudi – Dans une nouvelle liste de pays exonérés de visa d’entrée au Qatar, Doha a décidé d’y intégrer un seul pays d’Afrique du Nord, le Maroc, excluant ainsi l’Algérie. L’annonce a été faite ce mardi par le Premier ministre qatari, qui occupe en même temps le poste de ministre de l’Intérieur, Abdallah Ben Nacer Ben Khalifa Al-Thani, devant une délégation marocaine officielle lors d’une cérémonie d’inauguration d’un port au Qatar.
On ignore si le royaume du Maroc a introduit, directement ou par l’intermédiaire d’un de ses protecteurs européens, une demande officielle en ce sens, mais cette différence de traitement de la part du Qatar montre que, malgré toutes les menaces qui pèsent aujourd’hui sur ce petit émirat gazier à cause de l’embargo qui lui est imposé par l’Arabie Saoudite et ses quatre alliés arabes, il continue à rêver d’un rôle de leader régional et espère toujours garder son influence économique et diplomatique dans le monde arabe, en usant des anciennes pratiques. Alors que cette décision de supprimer le visa pour les ressortissants de plus de dix-huit pays, dont si peu de pays arabes ou musulmans, est essentiellement dictée par un besoin urgent, voire désespéré, de booster les investissements dans un pays qui se trouve, en dépit de ses rentes mirobolantes et de son rayonnement planétaire, au bord de l’asphyxie.
Au plan moral, l’exclusion de l’Algérie de cette liste démontre l’ingratitude des dirigeants qataris envers un des rares pays à s’être élevés contre l’isolement du Qatar et à appeler au dialogue interarabe pour résoudre la crise. Le royaume du Maroc s’était prononcé en dernier, en affichant une neutralité plutôt timide et passive. Rabat ne pouvait pas, en effet, aller à contre-courant de ses alliances monarchiques traditionnelles qui le lient notamment au Conseil de coopération du Golfe (CCG) dont il est membre et prendre ainsi le risque de s’attirer les foudres des Al-Saoud qui assurent la pérennité du régime alaouite.
R. M.
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