Attention à la chkara !
Par Kamel Moulfi – Le premier défi qui attend le gouvernement – l’organisation des élections locales du 23 novembre – est immédiat et il est strictement politique, même s’il est largement influencé par le contexte global, dominé, lui, par les contraintes économiques et leur impact social. Le ministère de l’Intérieur est tenu de faire en sorte que cette consultation électorale soit entourée du maximum de crédibilité, c’est-à-dire réussir la performance de tenir des élections «propres et transparentes».
La principale condition est évidemment d’écarter toute intervention de la chkara, symbole de l’argent sale, absolument incompatible avec des élections propres. Pour l’heure, personne n’a encore insisté sur cette question, mais les péripéties qui ont marqué les élections législatives du 4 sont encore dans toutes les mémoires. Leur préparation avait été entachée de marchandages autour des places en tête des listes qui ont été monnayées au prix fort et ont permis au passage l’enrichissement illicite d’intermédiaires attitrés.
Quant au risque principal à affronter, c’est évidemment celui de l’abstention qui dépend de l’ambiance générale qui va imprégner l’état d’esprit des électeurs les jours qui précèderont le scrutin. Une des raisons de l’accroissement du taux d’abstention est certainement liée aux magouilles «sonnantes et trébuchantes» dont les échos n’ont pas encore commencé à se faire entendre pour les élections locales.
En plus, le gouvernement traîne le handicap produit par l’histoire des élections en Algérie : elles ont rarement manqué de soulever des contestations sur la régularité des opérations de vote, et les élections locales n’échappent pas à cette règle. Mais, malgré ce préjugé défavorable, les partis de l’opposition ont décidé d’y aller, quitte à se résigner le jour des résultats à ramasser les miettes laissées par les deux partis, FLN et RND, les mieux outillés pour aborder le renouvellement des APC et APW avec toutes les chances de se partager la grosse part.
En attendant, les dirigeants des partis de l’opposition sont forcés d’abandonner momentanément le terrain politique des préoccupations locales pour s’investir dans les questions économiques, à la suite de la décision prise par Bouteflika de faire fonctionner la planche à billets pour répondre aux besoins du pays en liquidités.
K. M.
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