Ouyahia aux députés : «N’ayez pas peur du financement non conventionnel !»
Par Hani Abdi – Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a défendu aujourd’hui bec et ongles son plan d’action devant les députés. Détaillant les actions prévues dans ce plan pour notamment faire face à la crise financière, le Premier ministre rassure les représentants de la Chambre basse du Parlement sur l’utilité du recours au financement non conventionnel dans la conjoncture actuelle. Ahmed Ouyahia a affirmé que ce mode de financement «n’est pas une invention algérienne ; il est pratiqué par les grandes puissances économiques». Le Premier-ministre cite le cas de la Banque européenne qui a, selon lui, injecté 2000 milliards d’euros en deux ans pour redynamiser le marché financier du continent, permettant aux économies des Etats de dépasser la crise.
Le Premier ministre a, durant son intervention devant l’APN, insisté sur ce point qui, faut-il le souligner, a fait couler beaucoup d’encre. Entre ceux qui y voient une solution de facilité aux répercutions désastreuses sur le pouvoir d’achat et ceux qui y voient un instrument pouvant assurer la poursuite de l’action de l’Etat, la polémique s’est bien installée.
Ahmed Ouyahia poursuit son intervention en assurant que le financement non conventionnel n’ira pas à la consommation et ne générera pas de l’inflation. Selon le Premier ministre, ce financement permettra à l’Etat d’honorer ses dettes vis-à-vis des entreprises publiques ou privées et de poursuivre les réformes économiques. Sans fournir des détails sur la nature de ces réformes, Ahmed Ouyahia a indiqué que l’Etat va accélérer le rythme de la création d’entreprises à travers le territoire national, faisant état de la création de dizaines de nouvelles zones industrielles.
Le Premier ministre a indiqué que l’endettement d’extérieur est proscrit parce qu’il mettrait le pays dans un engrenage qui ferait perdre la souveraineté économique à l’Etat au profit des institutions financières internationales. «Si on sollicite un crédit à l’international de 10 milliards de dollars, avec le déficit actuel on n’aura pas de quoi payer le service de cette dette dans trois à quatre ans. Et après ? Ce sera l’intervention du FMI avec les conséquences sociales que cela provoquerait», a prévenu M. Ouyahia, en affirmant que le financement conventionnel est le bon choix dans la conjoncture actuelle. Selon lui, grâce à ce mode de financement, on évitera une nouvelle augmentation d’impôts et taxes dans la loi de finances pour 2018. «N’ayez donc pas peur du financement non conventionnel», a-t-il insisté.
Sur un autre volet, celui des subventions, le Premier ministre temporise. Il affirme que pour l’année 2018, rien ne va changer. Mais une fois l’étude finalisée, l’Etat appliquera une politique plus rationnelle à travers le ciblage des catégories concernées. Insistant sur le maintien de la stabilité, Ahmed Ouyahia a assuré que l’Etat veillera à la «préservation du bien-être» de la population.
H. A.
Comment (38)