Relations algéro-nord-coréennes : pressions de Washington sur Alger
Par Sadek Sahraoui – Le site Middle East Eye (MEE) rapporte que les Etats-Unis exercent depuis une année des pressions sur les pays arabes pour les pousser à rompre leurs relations avec la Corée du Nord. Ces pressions, ajoute la même source, se sont accentuées avec les derniers tirs de missiles de Pyongyang.
«La volonté de Washington de mettre au pas la Corée du Nord, qui passe par l’isolement diplomatique, concerne (…) les capitales : Le Caire, Sanaa, Tripoli, Koweït City, Alger et Damas», indique Middle East Eye, qui précise que selon un homme d’affaires sud-coréen impliqué dans le business des technologies dans la région, tout a débuté après l’essai nucléaire du 6 janvier 2016. «A l’époque, Séoul et Washington se sont entendus sur une stratégie permettant d’isoler Pyongyang, en demandant à ces pays (à l’exception de la Syrie) les seuls à disposer d’une représentation diplomatique, de cesser toute relation», a-t-il confié à Middle East Eye.
Pour MEE, l’annonce, par la très officielle agence de presse sud-coréenne Yonhap, lundi 11 septembre, de la rupture des relations militaires entre l’Egypte et la Corée du Nord, n’a donc rien de soudain. Annonce confirmée le lendemain par Sedki Sobhi, le ministre égyptien de la Défense, qui a même promis une plus grande coopération avec Séoul pour de nouvelles sanctions contre Pyongyang. «L’Egypte s’achemine vraisemblablement vers une rupture totale des relations diplomatiques», a commenté à MEE un collaborateur des Affaires étrangères algériennes en lien avec Le Caire.
Dans le cas de l’Algérie, Akram Kharief, l’auteur de l’article de Middle East Eye, indique les autorités algériennes ont reçu, dès janvier 2016, de multiples requêtes officielles à travers le nouvel ambassadeur de la République de Corée à Alger, Park Sang-jin, qui avait remis ses lettres de créances au président Bouteflika à peine trois semaines avant l’incident nucléaire et avait longuement discuté avec le président algérien. «A la même époque, le département d’État a commencé à nous « sensibiliser » à la nécessité de rompre avec la Corée du Nord», confie à Middle East Eye, un diplomate algérien.
Embarrassée par les excellentes relations qu’elle entretient avec les deux Corées, Alger se serait proposée comme force de médiation en refusant de couper avec Pyongyang.
Très souvent, ajoute-t-on, Alger justifie ses liens avec Pyongyang par le fait que la Corée du Nord est le premier gouvernement non arabe à avoir reconnu le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) en 1958. Pyongyang, rappelle Kharief, a également joué un rôle déterminant en se tenant aux côtés d’Alger durant la «décennie noire» des années 1990, quand le pays s’est retrouvé confronté, en plus de la vague de violences de la part des groupes islamistes armés, à un embargo total sur les armes et à un ostracisme diplomatique. A l’époque, Pyongyang s’était chargée de la formation des troupes spéciales algériennes et avait aidé l’armée algérienne à faire face à la guerre civile.
S. S.
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