Emmanuel Macron admet que la France a vendu du vent à l’opposition syrienne
Par Karim Bouali – Revirement total dans la politique française en Syrie. Emmanuel Macron veut corriger les erreurs de ses prédécesseurs Sarkozy et Hollande en Syrie et en Libye. C’est lui-même qui le dit en des termes on ne peut plus clairs. «Ce n’est pas Bachar Al-Assad qui tue mes concitoyens en France, mais les terroristes», a affirmé le président français lors d’une conférence de presse animée au siège des Nations unies, ce mardi, à New York.
Emmanuel Macron a clairement laissé entendre qu’aucune solution n’était envisageable en Syrie sans Bachar Al-Assad, même s’il a tenté d’atténuer ses propos en affirmant que le président syrien était un «criminel» et que la communauté internationale devrait faire en sorte de créer les conditions politiques pour assurer sa succession dans un climat de stabilité. Paris, par la voix de son chef de l’Etat, continue donc de jouer la carte de l’ingérence, tout en avouant les échecs passés de la politique étrangère française.
La position de la France augure d’un changement radical dans le traitement du dossier syrien. «Nous avons fait croire à l’opposition que notre approche allait aboutir à la destitution de Bachar Al-Assad. Six ans plus tard, nous constatons que cela n’a pas eu lieu», a dit, en substance, Emmanuel Macron, qui a, par ailleurs, expliqué que rien ne pouvait se faire dans la région sans l’inclusion de l’Iran dans le processus de recherche d’une solution en Syrie, mais aussi en Irak.
Le successeur de François Hollande a hérité d’une politique étrangère française maladroite qui a conduit à l’exacerbation du terrorisme islamiste et à l’aggravation du phénomène de la migration clandestine incontrôlée, depuis la chute du régime de Kadhafi. Ceci, Emmanuel Macron et ses conseillers le savent. Bien que ne remettant pas en cause ouvertement les choix de Sarkozy et Hollande, le fondateur du mouvement «En marche !» est conscient des conséquences désastreuses des événements qui ont secoué certains pays du Moyen-Orient et du Maghreb et dont la survenance avait encouragé Paris à soutenir les soulèvements qui ont mué en guerre civile et adoubé les groupes terroristes.
Jusqu’où ira Emmanuel Macron dans les changements qu’il a annoncés à New York ? «Du blabla», commentent déjà certains ; «un début prometteur», affirment d’autres.
K. B.
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