Benbitour : «Les Algériens doivent se préparer à une inflation à quatre chiffres»
Par Hani Abdi – L’ancien chef du gouvernement, Ahmed Benbitour, prédit le pire pour le pays. Dans une interview au quotidien arabophone El-Khabar, cet économiste affirme que l’Algérie n’aura pas de quoi importer en 2019.
«Je l’ai déjà dit il y a quelques années et je le redis aujourd’hui, notre pays est dans une véritable impasse financière. Au rythme de l’évolution des importations et du déficit public, on n’aura pas suffisamment de liquidités pour continuer à alimenter le marché national du marché extérieur», lance-t-il, considérant que le gouvernement a fait le choix de la facilité. Mais, insiste-t-il, ce choix retarde, certes, un peu l’échéance, mais il ne traite nullement la crise, qui nécessite une thérapie de choc.
Ahmed Benbitour, qui n’a cessé de prévenir contre l’accroissement du déséquilibre de la balance commerciale, assure que l’Algérie n’aura pas de quoi importer en 2019. Ahmed Benbitour ne dit, cependant, pas que cela va être possible aussi rapidement (en une année), alors que l’Algérie dispose de réserves de change de plus de 100 milliards de dollars et d’exportations en hydrocarbures de l’ordre de 30 milliards de dollars par an.
Ahmed Benbitour considère, dans le même sillage, que le retour à la planche à billets va générer une inflation à trois, voire quatre chiffres. «Les Algériens doivent se préparer à une inflation à quatre chiffres», prévient-il, ce qui serait catastrophique sur le plan socioéconomique. Pour M. Benbitour, «la crise actuelle dépasse de loin ce que nous avions vécu durant les années 1990. La raison est que les besoins des Algériens sont dix fois plus importants qu’à cette époque-là. Les réserves de change vont fondre comme neige au soleil.»
Si le gouvernement refuse de recourir à l’endettement extérieur, affirme M. Benbitour, c’est parce qu’il sait qu’il ne trouvera pas de prêts. La solution aux yeux de cet ex-candidat à la présidentielle de 2004 n’est ni dans le changement de Président ni dans l’organisation de nouvelles élections. Cet ancien chef du gouvernement plaide pour un changement radical qui permettrait de mettre le pays sur de nouvelles bases.
H. A.
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