Le RPK : «Le régime militaro-oligarchique plombe l’avenir de l’Algérie»
Par Hani Abdi – Le Rassemblement pour la Kabylie (RPK), un mouvement citoyen non agréé, considère nécessaire le débat sur l’application de l’article 102 de la Constitution. C’est un débat qui a toute sa place dans la mesure où l’actuel chef de l’Etat n’est plus en mesure d’assurer la plus élémentaire de ses missions constitutionnelles, estime ce mouvement qui milite pour un statut particulier de la Kabylie.
«L’Etat de droit veut que la loi s’applique à tous, y compris à celui qui la promulgue. Le changement politique commence, quand il est réel, par le respect aussi des dispositions légales limitant ou récusant l’exercice d’un pouvoir de fait», affirme le RPK, pour lequel «si le départ de M. Bouteflika pour cas d’empêchement constitue une condition nécessaire pour le changement, elle n’est pas suffisante, car l’alternance doit aussi s’appliquer sur le régime militaro-oligarchique qui plombe l’avenir des citoyens».
Dans une déclaration publique, le RPK estime possible de faire avancer les choses dans le bon sens si les différents acteurs de l’opposition réussissent à mettre de côté leur égoïsme et à dépasser leurs intérêts étroits d’appareils. «Des voix de plus en plus nombreuses s’expriment ouvertement pour mettre fin à l’autoritarisme et suggèrent la construction d’une alternative. Ces voix peuvent trouver un lieu de convergence dans l’espace de l’opposition démocratique si un dépassement des intérêts étroits des appareils politiques est réalisé», soutient ce mouvement citoyen.
Mais, pour le RPK, ce serait différer les problèmes si on se focalisait seulement sur la question du pouvoir, alors que le problème fondamental de l’Algérie est la redéfinition de la nation avec son corollaire la refondation de l’Etat-nation. «Tant que les droits collectifs ne sont pas reconnus, on restera toujours dans l’état de domination politique et identitaire. Le RPK n’apportera aucune caution politique et ne souscrira à aucune démarche qui déposséderait le peuple kabyle de sa volonté de s’approprier une large autonomie politique. Pour nous, le pluralisme politique, dans le contexte d’une nation multiculturelle, ne peut consacrer la citoyenneté équitable que s’il s’éloigne du paradigme de la domination de la majorité», soutient ce mouvement citoyen, critiquant vertement les propos du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, relatif à l’identité et à l’unité nationale.
«C’est à cet égard que nous dénonçons les mots que M. Ouyahia a tenus dans le discours de présentation de son plan d’action devant l’APN. ‘‘L’enfant du système’’ va encore plus loin dans cette vision de domination culturelle en soutenant de manière univoque que ‘‘l’unité de notre peuple autour de son identité sera consolidée grâce à la mise en valeur de l’arabe, langue nationale et officielle, dans nos actes, dans notre environnement ainsi que dans notre culture’’. Ces propos, parce qu’ils fondent l’unité de la nation algérienne et son identité sur la seule langue arabe, sont à la fois dangereux et irresponsables», relève ce mouvement, qui regrette ainsi le retour au jargon du baâthisme qui vient contredire les professions de foi réservées à la langue amazighe pour son développement par l’Etat.
Pour le RPK, «il est scandaleux que l’identité première de l’Algérie, et de tout l’Afrique du Nord, soit toujours considérée par les officiels algériens comme une survivance indigène».
H. A.
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