Recadrage d’Ouyahia ?
Kamel Moulfi – La pédagogie politique de l’alarmisme utilisée par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, est-elle le meilleur moyen de faire prendre conscience aux Algériens qu’il leur faut sortir en urgence de leur léthargie provoquée par des années d’aisance financière ?
Ce n’est pas l’avis des partis politiques de l’opposition qui lui ont reproché de vouloir faire peur au peuple et, en plus, de tout imputer au prix du pétrole qui «ne remontera plus jamais» à ses niveaux d’avant le deuxième semestre 2014, quand il a commencé à plonger vers les abysses. La persistance du réflexe qui pousse à regarder vers les cours du brent, surtout quand ils sont sur une tendance haussière, est la preuve que la leçon n’est pas encore suffisamment assimilée, ce qui peut signifier que la méthode pédagogique employée n’est pas la bonne.
Est-ce pour cette raison qu’Ouyahia a commencé à mettre de l’espoir dans son discours politique ? Son intervention devant le Conseil de la nation semble destinée à faire croire que le cauchemar est déjà derrière nous et que les perspectives pessimistes, construites sur les rumeurs malveillantes, sont fausses. La preuve, laisse-t-il entendre, aucune menace ne plane plus sur les salaires et les retraites et, mieux, les projets gelés pour cause de difficultés financières sont relancés dans les secteurs liés aux services publics de base et les logements construits par l’Etat continueront à être livrés par centaines de milliers. Il y a comme un recadrage, volontaire ou imposé, du discours du Premier ministre.
En fait, l’explication est certainement dans l’approche des élections locales que le couple FLN-RND doit remporter haut la main si l’Alliance présidentielle veut se présenter à l’élection de 2019 avec un avantage qui la rendrait imbattable. On sait que toute campagne électorale s’accompagne inévitablement de promesses d’amélioration de la situation des gens et non pas, évidemment, d’annonces de déboires à n’en plus finir. Dans ce sens, le RND ne pouvait pas manquer l’opportunité offerte par le débat sur le plan d’action du gouvernement, animé par son secrétaire général, même s’il se trouvait sous la casquette de Premier ministre.
K. M.
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