Poutine arme les Al-Saoud : divorce consommé entre Washington et Riyad ?
Par Ramdane Yacine – L’Arabie Saoudite a signé hier avec la Russie un accord préliminaire ouvrant la voie à l’achat de systèmes russes de défense antiaérienne S-400 ainsi qu’à leur production dans le royaume saoudien, allié traditionnel des Etats-Unis, suscitant du coup une foule de questions sur le devenir de la relation très spéciale que les Saoudiens ont toujours eue avec les Américains.
En effet, à l’occasion d’une visite du roi Salmane à Moscou, la Russie et l’Arabie Saoudite ont signé un accord prévoyant l’achat par Riyad de systèmes de défense antiaérienne et antimissile mobile S-400, mais aussi de systèmes antichars Kornet-EM, de lance-roquettes TOS-1A, de lance-grenades AGS-30 et de fusils d’assaut kalachnikov AK-103, selon les modalités précisées dans un communiqué de la Saudi Arabian Military Industries (Sami).
La même source évoque également des «transferts de technologie» pour d’autres armements. Le programme de coopération saoudo-russe inclut également «des programmes d’entraînement et de formation» pour les personnels militaires saoudiens, selon la même source. Selon le vice-Premier ministre russe, Dmitri Rogozine, cité par le quotidien économique russe Kommersant, Riyad a, en particulier, manifesté «un grand intérêt» pour les S-400.
Le 12 septembre, c’est la Turquie, membre de l’Otan, qui avait signé avec la Russie un contrat portant sur l’achat de systèmes de défense antiaérienne S-400, en dépit de l’inquiétude des Etats-Unis.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a, pour sa part, fait savoir à cette occasion que Moscou et Riyad avaient l’intention de «développer leur coopération dans tous les domaines».
Riyad se tourne vers Moscou et entend développer avec l’ennemi juré de son allié étatsunien tous les domaines possibles et imaginables. Le royaume wahhabite confirme par la même que le courant ne passe pas avec le nouveau locataire de la Maison-Blanche, reçu pourtant en grande pompe dernièrement par la crème du pouvoir à Riyad. Donald Trump a, d’ailleurs, clairement affiché son intention de pomper les pétrodollars saoudiens avec des contrats signés pour un montant de 380 milliards de dollars, sans pour autant donner assez d’assurance sur l’engagement US auprès du royaume, notamment dans sa politique d’endiguement de l’Iran.
Pour rappel, les contrats signés à l’occasion du voyage de Donald Trump à Riyad en mai dernier représentent le prix du réalignement stratégique des Etats-Unis sur les priorités de l’Arabie Saoudite, à commencer par sa politique d’endiguement de l’Iran. Est-ce à dire que Riyad ne se sent plus assez protégé par Washington pour se tourner vers Moscou ?
R. Y.
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