Le responsable du Haut Commissariat à l’amazighité a-t-il peur du MAK ?
Par Rabah A. – Face au MAK, le responsable d’une institution présidentielle vient de déroger à la «règle» incontournable qui consiste à évoquer le Président de la République dans toute déclaration officielle. Lors de la cérémonie de remise d’un doctorat Honoris Causa au chanteur Lounis Aït Menguellet, pour sa prodigieuse carrière artistique, organisée mardi à l’université de Tizi Ouzou, et à laquelle ont assisté le ministre de la Culture, Azeddine Mihoubi, et le secrétaire général du Haut Commissariat à l’amazighité (HCA), Si El-Hacehemi Assad, toute l’assistance a remarqué l’absence totale de référence au chef de l’Etat dans l’allocution du représentant du HCA, alors que, d’habitude, lors de ses déplacements dans d’autres régions du pays, il ne rate aucune occasion pour faire l’éloge de Bouteflika et rappeler sa «courageuse décision» d’officialiser la langue amazighe. Un discours à la carte que rien ne justifie a priori.
Sauf qu’à Tizi Ouzou, et devant des militants de la cause berbère, toutes tendances confondues, y compris la mouvance autonomiste, représentée par le chercheur Hacène Hirèche qui a, d’ailleurs, pris la parole, le secrétaire général du HCA s’est fendu d’un discours «lénifiant, complaisant et largement décalé pour un responsable d’une institution directement rattachée à la Présidence de la République», note un témoin présent à cette cérémonie.
Nombre d’observateurs locaux ne s’expliquent pas cette forme d’«autocensure» de la part d’un haut commis de l’Etat, à l’heure où le gouvernement – le dernier discours d’Ahmed Ouyahia devant l’APN – se dit déterminé à combattre toute tentative d’atteinte à l’unité nationale, allusion au MAK de Ferhat Mehenni, d’autant plus que les deux principaux canaux d’information de ce mouvement Siwel et Tamurt sont interdits d’accès en Algérie depuis près de deux mois.
Prenant la parole après Si El-Hachemi Assad, le ministre de la Culture, suivi du wali de Tizi Ouzou, ont essayé de sauver la face en s’attardant longuement sur «l’intérêt que porte le Président de la République à la cause amazighe et à ses symboles de la dimension de Lounis Aït Menguellet».
R. A.
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