Le secrétaire d’Etat belge : «Le Maroc est un deuxième Soudan»
Par Houari Achouri – Les médias marocains aux ordres du Makhzen crient au scandale et en veulent au Secrétaire d’Etat belge à l’Asile et la Migration, Theo Francken, pour avoir dit la vérité : «Il y a beaucoup de régimes dont on peut douter, de pays où les droits de l’Homme ne sont pas respectés. A ce moment-là, on ne peut pas parler avec le Maroc non plus. Quand je vois les rapports de Human Rights Watch, d’Amnesty International, je ne peux que constater ces violations.» Il a osé faire un parallèle entre la situation des droits de l’Homme au Soudan et au Maroc en laissant carrément entendre qu’il n’y avait aucune différence.
Le poste occupé par Theo Francken, qui est Secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration dans le gouvernement belge, en fait un parfait connaisseur des pays fournisseurs de migrants et principalement le Maroc qui a la plus importante communauté d’émigrés en Belgique (une population de près de 430 000 personnes). Son métier l’amène à lire les communiqués des organisations internationales de défense des droits de l’Homme portant sur le Maroc et dont on peut, d’ailleurs, prendre connaissance en consultant la presse marocaine qui leur fait involontairement de la publicité en cherchant à les critiquer.
Ainsi, Theo Francken ne peut pas ignorer que Human Rights Watch (HRW) a tout récemment relayé les accusations de torture portées par des manifestants de Hirak du Rif contre la police marocaine. Il y a à peine un mois, cette ONG signalait que les médecins légistes avaient constaté des lésions accréditant ces accusations de violences policières après avoir examiné des détenus du Rif. Les rapports d’Amnesty International vont dans le même sens.
HRW a également dénoncé le fait que les tribunaux condamnent régulièrement des inculpés sur la base d’aveux contestés, sans ouvrir d’enquêtes sur les allégations de torture et autres mauvais traitements. Selon le document publié en septembre dernier par HRW, les policiers marocains couvrent l’objectif des caméras de vidéosurveillance de la préfecture de police d’Al-Hoceima avant de les passer à tabac, pour qu’il n’y ait aucune preuve de leur brutalité.
Autre fait accablant : il y a quelques jours, le président de la RASD, Brahim Gali, a dénoncé devant le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, la politique répressive du gouvernement du Maroc dans les zones occupées par Rabat depuis 1975, et le comportement «sauvage et brutale» des services de sécurité marocains contre les citoyens sahraouis qui luttent pour le droit à l’autodétermination.
Certains médias marocains n’hésitent pas à traiter Theo Francken de xénophobe et plus particulièrement d’anti-marocain parce qu’il a osé déclarer que les immigrés marocains n’apportaient aucune valeur ajoutée à la Belgique. Il n’est pas le seul membre du gouvernement belge à être dans le collimateur de ces médias.
Au début de 2017, ils s’en sont pris au ministre des Finances, Johan Van Overtveldt, qui avait donné suite à étude de la Fondation roi Baudouin qui rapportait que 60% des Marocains résidant en Belgique possèdent un bien au Maroc, et certains d’entre eux jouissaient d’un logement social dans le plat pays, alors que nul ne peut prétendre à un logement social s’il est propriétaire ou a l’usufruit d’un bien immobilier.
H. A.
Comment (5)