Pragmatisme russe
Par Sadek Sahraoui – Il est bien loin le temps où les Russes, pour une question de «nif» géopolitique et géostratégique, ne traitaient qu’avec leurs alliés. La tournée que vient d’effectuer Dmitri Medvedev au Maghreb montre que les temps ont beaucoup changé et que Moscou maîtrise parfaitement l’art du business et qu’elle ne se soucie plus trop de savoir avec qui il fait affaire. L’essentiel étant pour les décideurs russes de gagner de l’argent.
Dmitri Medvedev, qui pourtant connaît mieux que quiconque la nature des enjeux qui traversent l’Afrique du Nord, n’a manifesté aucune sorte de gêne à promettre autant aux Algériens qu’aux Marocains les dernières innovations des industries militaires russes. Connaissant l’état exécrable des relations entre Alger et Rabat, les Russes donnent même l’impression aujourd’hui de jouer sur la rivalité qui oppose les deux pays.
Ce constat affligeant pourrait, d’ailleurs, expliquer la position de Moscou à l’égard du conflit du Sahara Occidental, qui est pour le moins ambigüe. Maintenant qu’on en parle, il est possible, d’ailleurs, de trouver beaucoup de similitudes entre la politique maghrébine de Moscou et celle qu’appliquent en ce moment les Chinois dans la région. Il n’y a pas de doute, les deux grandes puissances voient comme une suprême bénédiction les tensions régionales.
Que dire après cela ? Admettre tout simplement que le monde a changé et avoir le courage de décréter la fin des illusions. Plus que cela, les Maghrébins ont tout intérêt à pacifier très vite leur région s’ils ne veulent pas la voir prise en otage demain par les grandes entreprises mondiales de l’armement. Il y a des signes qui ne trompent pas. Cela se voit même.
Des puissances poussent l’Algérie et le Maroc à l’armement et à l’escalade afin justement de tirer un maximum de marrons du feu et s’en mettre plein les poches. Assurément, il n’y aurait plus idiot que de tomber dans un tel traquenard. Surtout pour des pays qui comme le Maroc et l’Algérie ont le substrat humain, culturel et religieux et ont les populations commencent à peine à sortir du sous-développement. C’est une certitude, une guerre renverrait tout le monde à l’âge de pierre. Et-ce vraiment la meilleure voie à suivre ?
S. S.
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