Affaire de Lafarge en Syrie : Laurent Fabius a-t-il délibérément aidé Daech ?
L’ONG Sherpa, partie civile dans une enquête sur les activités en Syrie du cimentier LafargeHolcim, a demandé cette semaine à la justice d’entendre comme témoins l’ex-ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et deux anciens ambassadeurs de France, ont annoncé ce vendredi les responsables de l’association.
A rappeler qu’une information judiciaire a été ouverte le 13 juin par le parquet de Paris contre le groupe franco-suisse dans l’affaire de la cimenterie Lafarge de Djalabiya pour «financement d’entreprise terroriste et mise en danger de la vie d’autrui». Cette procédure fait suite à une plainte avec constitution de partie civile déposée le 15 novembre 2016 par Sherpa et l’ONG European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR), ainsi que par 11 plaignants et ex-salariés syriens.
La filiale syrienne Lafarge Cement Syria (LCS) est notamment accusée d’avoir contribué au financement de Daech en lui versant de l’argent en 2013-2014 pour pouvoir continuer à travailler dans une région contrôlée par cette organisation terroriste. «Il faut aussi rechercher la responsabilité de l’Etat, si jamais l’Etat est aussi impliqué», a expliqué Marie-Laure Guislain, responsable de Sherpa. «C’est pourquoi il est important de demander à ces personnes si elles ont des informations intéressantes», a-t-elle ajouté.
Sherpa souhaite notamment établir si le ministère des Affaires étrangères français était au courant de ces arrangements et a encouragé Lafarge à maintenir ses activités dans une Syrie en guerre, comme l’ont laissé entendre plusieurs cadres du groupe interrogés dans une procédure parallèle. Selon Sherpa, un ancien cadre de Lafarge, qui a travaillé 30 ans pour le groupe, «a déclaré avoir été en contact régulier avec le Quai d’Orsay, qui n’a jamais dit à Lafarge d’arrêter (ses activités en Syrie), bien au contraire». «Le Quai d’Orsay n’a eu de cesse de dire que tout allait s’arranger et qu’il fallait tenir. Nous demandons à vérifier», ajoute-t-on de même source. Autrement dit, il n’est carrément pas impossible que l’opération ait été pensée au Quai d’Orsay…
Sadek Sahraoui et agences
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