Sale jeu en Syrie
Par R. Mahmoudi – L’enthousiasme et le tapage avec lequel la coalition internationale a annoncé hier la reddition d’une centaine de terroristes de Daech à Raqqa, leur principal fief en Syrie, cachaient en fait un sale jeu, d’après certains médias arabes au fait de la crise syrienne. Ces terroristes se seraient livrés pour être, en réalité, évacués en urgence vers d’autres fronts, notamment à Deir ez-Zor, pour prêter mainforte à leurs «frères» pris en tenaille par l’armée syrienne depuis quelques jours. Car, selon les observateurs de la scène syrienne, Raqqa ne représente plus un enjeu important depuis déjà longtemps. Le danger s’était déplacé.
Ces accusations viennent accréditer les mises en garde officielles de l’état-major de l’armée russe, qui avait directement accusé, il y a une semaine, l’armée américaine d’aider les terroristes de Daech dans leurs derniers retranchements et de se démener pour les sauver, ainsi, d’une déroute définitive.
Il se trouve que dans cette histoire, un jeu en cache un autre. Les Américains s’appuient sur de précieux alliés, qu’ils tenteront certainement d’instrumentaliser pour les prochaines étapes : les milices kurdes. Réputées pourtant proches de l’armée syrienne, avec laquelle elles partageaient le même combat, qui est celui de libérer les territoires occupés par les mercenaires de Daech et du Front al-Nosra, ces milices ont vite été phagocytées par les Américains, qui les ont peu à peu intégrées dans la coalition dite internationale contre Daech. Il faut bien s’attendre à ce que ces Kurdes viennent demain emboîter le pas à leurs frères d’Irak, qui ont déclaré leur indépendance sans même l’avoir négociée avec Bagdad. Anticipant les choses, le gouvernement de Damas s’est dit prêt, dès maintenant, à discuter avec les Kurdes une forme d’autonomie qui garantisse l’unité nationale. Mais, il y a fort à parier que les dés sont déjà jetés.
R. M.
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