Déclaration de Messahel sur l’argent de la drogue : les Marocains s’agitent
Par Sadek Sahraoui – Pour tenter de donner l’impression qu’ils sont vraiment offusqués par les révélations faites vendredi par le chef de la diplomatie algérienne concernant la Royal Air Maroc et les banques marocaines, qu’il a accusées de transporter et de blanchir l’argent de la drogue en Afrique, Mohammed VI et le Makhzen ont décidé de faire un peu d’agitation, histoire d’égayer la galerie et se donner une importance qu’ils n’ont pas.
Le Maroc a ainsi convoqué le chargé d’affaires de l’ambassade d’Algérie à Rabat et rappelé son ambassadeur à Alger. «Suite aux déclarations gravissimes du ministre des Affaires étrangères de la République algérienne démocratique et populaire, au sujet de la politique africaine du royaume du Maroc, le chargé d’affaires de l’ambassade d’Algérie à Rabat a été convoqué, ce soir, au siège du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale», a indiqué le ministère des Affaires étrangères marocain dans un communiqué publié vendredi soir. Dans sa réaction, le ministère des Affaires étrangères marocain a qualifié également d’«irresponsable», d’«allégations mensongères», voire d’«enfantin» les propos d’Abdelkader Messahel.
Il est certain que tous les spécialistes du Maghreb poufferont de rire à lecture de la réaction marocaine. Le Makhzen prend vraiment les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages. A qui compte-t-il faire vraiment croire que sa gestion obéit à un cercle vertueux et qu’il n’a surtout rien à voir avec le trafic de cannabis dont il est le premier producteur mondial. Un trafic dont il tire de très confortables royalties et qu’il encourage dans ses régions les plus pauvres, comme celles du Rif, pour avoir un semblant de paix sociale. Et même cela ne marche plus puisque le pays d’Abdelkrim est en révolte depuis plus d’une année. Mohammed VI et ses valets sont affligeants. Tout le monde sait aujourd’hui, y compris le dernier dealer du coin, que certains établissements financiers marocains sont clairement impliqués jusqu’au cou dans le blanchiment d’argent. A tous ceux qui l’auraient oublié, le cannabis au Maroc, c’est près 25% du PIB.
Dans leur réponse, de laquelle transparaît un profond embarras, les autorités marocaines omettent de rappeler également que ce sont ces mêmes autorités algériennes, qu’elles accusent d’être jalouses de leur réussite économique, qui les ont alertées, il n’y a pas encore longtemps, sur le fait que leur chère compagnie aérienne transportait par dizaines vers la Libye voisine des aspirants terroristes marocains, et cela, depuis les aéroports du royaume. Et ce n’est là que la partie émergée de l’iceberg.
Abdelkader Messahel n’en a absolument pas trop fait. Au contraire, la retenue l’a obligé à ne dire que ce qui était utile de donner aux opérateurs algériens pour leur éviter de tomber dans le panneau de la fausse publicité marocaine sur les prétendues victoires économiques de Mohammed VI en Afrique. Quant au reste, il n’y a pas d’inquiétudes à se faire. Comme d’habitude, Rabat s’empressera de renvoyer son ambassadeur à Alger aussitôt que les gens auront oublié l’affaire. Ils savent très bien que l’Algérie ne parle jamais à tord.
R. S.
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