Déclarations de Messahel, Chakib Khelil, terrorisme, crise : ce qu’a dit Ouyahia
Par Hani Abdi – S’exprimant aujourd’hui sur les ondes de la Chaîne III en tant que secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia assure que son parti ne peut qu’être derrière son gouvernement en matière de politique étrangère. «Tout ce qui concerne l’Algérie vis-à-vis de l’extérieur, nous sommes derrière notre gouvernement à 100%. Que nos voisins s’émeuvent, tant mieux ou tant pis pour eux. Ce n’est pas notre problème», a affirmé Ahmed Ouyahia en réponse à une question relative aux dernières déclarations d’Abdelkader Messahel sur l’argent du haschich marocain contre lesquelles Rabat a protesté.
Sur un autre chapitre, le chef du RND a souligné que la lutte contre la corruption se fait sans cesse, rappelant dans ce sillage les dernières déclarations du ministre de la Justice sur l’existence de milliers d’affaires de ce genre devant les tribunaux. Mais, Ahmed Ouyahia précise que la lutte contre ce fléau doit se faire de manière sereine pour éviter les erreurs du passé. «Ce que Sonatrach a vécu, je l’ai dit et je le redirai jusqu’au jour où je fermerai les yeux, beaucoup d’injustices ont été commises», a-t-il dit, considérant aussi que «beaucoup d’injustices ont été commises contre Chakib Khelil».
Ahmed Ouyahia estime que «quand on crée des situations réelles ou surfaites, parfois même inventées, ce n’est certainement pas bon pour l’Algérie».
Pas de démocratie sur des chars
Interrogé sur les appels de certaines personnalités pour l’intervention de l’Armée dans le champ politique en faveur du changement, le secrétaire général du RND assure qu’il est totalement d’accord avec Louisa Hanoune, secrétaire générale du PT, qui s’oppose à de telles démarches contraires aux principes et aux valeurs démocratiques. Pour lui, les auteurs de ces appels veulent monter les marches du pouvoir sur le dos des chars.
Le secrétaire général du RND a également exprimé clairement sa volonté de réactiver l’Alliance présidentielle, estimant qu’il est impératif qu’on assume cette majorité présidentielle. «Il faut savoir qu’il y a des règles ici comme dans le reste du monde et que le pouvoir ne doit pas avoir de complexes à discuter avec sa propre majorité», a-t-il souligné.
Interrogé sur la crise financière, le chef du RND a rappelé les solutions apportées par le gouvernement. Il ne croit pas aux prévisions de «certains éminents experts et anciens responsables» relatives à l’inflation qui serait à 3 ou 4 chiffres. Ahmed Ouyahia considère que la réalité du terrain va finir par les démentir. Sur le marché informel, il estime que la solution n’est pas le changement de billets. Pour lui, la lutte contre ce fléau qui ronge l’économie nationale doit être l’affaire de l’Etat, certes, mais, aussi des partis et des citoyens.
Ahmed Ouyahia défend, sur un autre registre, le patronat, estimant que le pays sera développé en partie grâce à l’effort du secteur privé. Le secrétaire général du RND a, en outre, relevé la nécessité de cultiver la mémoire. Pour lui, le documentaire diffusé récemment par l’ENTV était nécessaire pour rafraîchir la mémoire aux Algériens qui auraient oublié les affres de la décennie noire.
Ahmed Ouyahia considère que le ministère de l’Education fait un travail remarquable pour éloigner les générations futures des idées obscurantistes. Sur les élections locales, le premier responsable du RND dit que son parti aspire à faire des Assemblées populaires communales (APC) des outils au service du développement local, de la décentralisation, du dialogue et de la démocratie.
Héritage des ancêtres
«Nous voulons des APC qui soient au niveau du développement local, au service de la décentralisation, des Assemblées qui soient des parlements aux côtés de l’exécutif local, celui de la wilaya, et enfin, des Assemblées qui soient de dialogue, de démocratie et de consensus», a-t-il déclaré, précisant que «la démocratie participative est un héritage de nos ancêtres».
Ahmed Ouyahia rassure qu’il n’est pas en compétition avec le FLN dans ces élections du moment qu’ils appartiennent au même camp politique. «Nous ne sommes pas en compétition de ce genre, notre souci politique est de faire gagner ensemble la majorité présidentielle et notre souci partisan est d’améliorer notre propre score», a-t-il précisé. Selon lui, le RND fait du suivi des élus un sacerdoce, considérant que le problème majeur est le manque de ressources. Il estime dans ce sillage qu’un millier de communes sont actuellement déficitaires.
Questionné sur la révision de la loi électorale, il s’est dit «non emballé» par la question, appelant à laisser ce «texte faire ses preuves et à appliquer un peu plus les lois, plutôt que de passer son temps à les refaire».
Pas observateurs internationaux
S’exprimant sur la question relative à la présence d’observateurs internationaux lors du prochain scrutin, M. Ouyahia a précisé que leur présence en Algérie remonte à 1997, mais seulement pour superviser les présidentielles et les législatives. Il considère dans ce sillage que «les élections en Algérie sont les mieux organisées dans notre sphère géopolitique». Il demande à laisser du temps à la Haute Instante indépendante de surveillance des élections (HIISE), qui devrait être «plus opérationnelle» lors du prochain rendez-vous électoral que durant les dernières législatives.
Interrogé sur l’abstention, Ahmed Ouyahia a assuré qu’il ne s’agit pas d’une «spécificité algérienne», relevant qu’aux Etats-Unis d’Amérique, le Président est élu avec moins de 50% de taux participation et que le Parlement européen avec moins de 24%. «Les locales mobilisent toujours plus», car, elles ont une relation directe avec les citoyens, a-t-il poursuivi, avant de conclure que «s’il y a échec, ce sera celui des partis politiques, y compris le mien».
H. A.
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