Une enquête confirme que la CIA a livré des armes aux terroristes en Syrie
Par Houari Achouri – Une note datée du 25 octobre 2017, rédigée par Georges Berghezan, chercheur au GRIP (Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité) revient sur les deux programmes américains qui «ont permis à Washington de devenir un pourvoyeur majeur des armes proliférant en Syrie». Le premier programme organisé par la CIA et le second par le Pentagone, tous deux considérés comme des «opérations clandestines» des Etats-Unis. Il s’agit du programme de formation et d’armement des opposants au régime syrien mis sur pied par la CIA de 2012 à 2017 et du programme du Pentagone pour aider les groupes armés rivaux de Daech auquel le programme précédent, celui de la CIA, était indirectement destiné.
L’obstination à vouloir renverser le président syrien, Bachar Al-Assad, et son gouvernement a amené les dirigeants des Etats-Unis, à leur tête Barack Obama, et avec un rôle actif joué par le département d’Etat, dirigé à l’époque par Hillary Clinton, et donc avec l’implication de la CIA, à ne pas hésiter à fournir des armes aux groupes armés, y compris les groupes connus pour être terroristes. Selon l’auteur, les Etats-Unis, «semblent avoir, de la fin 2011 à septembre 2012, secrètement organisé des transferts maritimes d’armes des stocks libyens à Benghazi vers des ports de Turquie ou de Syrie, ces derniers étant sous contrôle de l’opposition. Ont notamment été livrés des fusils sniper, des roquettes et des missiles sol-air».
Georges Berghezan évoque une péripétie révélée, au début 2012, par une dépêche de l’agence Reuters qui avait été largement reprise et commentée par les médias à propos de l’autorisation donnée par Obama pour soutenir les groupes armés en Syrie. Il a indiqué qu’à la fin 2012, l’assistance de la CIA consistait en «renseignement et autre soutien pour des envois en Syrie d’armes légères de seconde main, comme des fusils et des grenades» et ces envois étaient «principalement orchestrés par l’Arabie Saoudite et le Qatar», sachant que tout ce soutien bénéficiait aux groupes terroristes.
Quelques mois après, poursuit l’auteur, «la CIA a également supervisé le transfert d’armes sophistiquées, produites aux Etats-Unis» : près de 16 000 missiles filoguidés à poursuite optique, lancés par tube (Tube-launched, Opticallytracked, Wire-guided, TOW), dont une grande majorité de type BGM-71, vendus à l’Arabie Saoudite mais, signale-t-il, «bien que distribués en petites quantités à ces groupes et que leur utilisation était censée être étroitement contrôlée par la CIA, plusieurs BGM-71 sont parvenus au Front Al-Nosrah, une filiale d’Al-Qaïda» qui agissait dans la région d’Idlib. La porosité entre les groupes armés en Syrie étant connue comme le souligne Georges Berghezan, qui parle de l’«alliance tactique» unissant l’ASL et Al-Nosrah». Il ajoute que d’autres BGM-71 ont été utilisés par Daech.
Washington savait que les groupes armés dits modérés en Syrie étaient insignifiants et que tout cet arsenal pouvait se retrouver entre les mains des terroristes, notamment Daech. L’auteur rappelle que le département d’Etat américain en était conscient. Il rapporte les paroles de son porte-parole, Mark Toner : «Bien sûr, je ne pourrais jamais dire, et nous en avons déjà parlé auparavant, que l’équipement et l’aide ne changent pas de mains.» Mais ce n’est qu’en juin 2017 après l’entrée en fonction du nouveau président, Donald Trump, que le programme de soutien aux terroristes en Syrie a été définitivement abandonné.
H. A.
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