Les oubliés de J’bel El-Assa : sept chahids et une chahida
Par Lotfi B. – Ils sont majoritairement issus du pays zenati, à l’extrême ouest du pays, et de ses environs : Kef (Sidi-Yahya), Sidi-Medjahed, Bouhlou, Béni Hamou, Béni Snouss… jusqu’aux confins de Sebra et Béni Boussaid. Ces tribus et ces villages ancestraux profondément amazighs ont résisté et combattu la France coloniale du début jusqu’à l’indépendance.
Poursuivis par l’armée française après une opération, le groupe s’est réfugié dans une grotte au J’bel Al-Assa, dans les alentours de Sidi Medjahed (fin1959). Selon le moujahid M. Farsi originaire du Kef aussi, les enfants du pays ne se rendaient jamais ! Encerclés, ils résistèrent plusieurs jours jusqu’à ce que l’armée française eût décidé d’en finir après avoir essayé, en vain, de les débusquer. Après les bombes, les lance-flammes, les gaz les légionnaires condamnèrent toutes les issues de la grotte aux multiples galeries. On ne retrouva jamais leurs corps ! Et ni l’Etat ni les autorités locales n’ont jamais essayé de récupérer les restes de nos martyrs dans ce dédale de galeries et labyrinthes. Pire, ni plaque ni stèle commémorative, jusqu’à ce jour, n’est dédiée à la mémoire de ces héros ! Leurs noms : Bouziane Kheira de Sebra, Aissaouia Chadli de Bouhlou, Benattia Ahmed du Kef, Arabi Mohamed du Kef, Frid Ahmed du Kef, Boualaoui Ahmed du Kef, Ahmed Lakhel, Mebarki Mohamed du Kef.
L’autre héros oublié s’appelle Benattia Abdelwahed, frère d’Ahmed du groupe des huit (2e à partir de la gauche sur la photo) mort au combat à la bataille de la Tafna. Celui qui élimina, entre autres, le fameux chef harki dénommé Larbi, qui sévissait dans la région. Pareil, ni plaque ni stèle commémorative. Leur sœur Yamina est morte des suites des atrocités qu’elle a subies au centre de torture de Sidi-Medjahed. Enfin, leur mère, feue la grande moudjahida Mme veuve Benattia née Fatna Benabdelwahed.
Le village ancestral du Kef avec sa dechra et sa graba est pratiquement à l’abandon, à Sidi-Yahya, ils n’ont pas encore le gaz de ville… Et toujours aucun signe commémoratif officiel ou non, ni au Kef ni ailleurs.
Honneurs et fidélité à la mémoire de tous les nôtres, connus ou anonymes, de toutes les régions du pays.
L. B.
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