Paroles en l’air ?
Par Kamel Moulfi – Les «petites phrases» prononcées ces jours-ci par le secrétaire général du FLN, Djamel Ould-Abbès, à propos de la présidentielle de 2019, ont été saisies au vol par les commentateurs politiques. Et pour cause, elles se rapportent implicitement à la question de la fameuse candidature «consensuelle», c’est-à-dire celle qui gagne à l’élection présidentielle. Cette candidature viendra du FLN, a affirmé Ould Abbès, sous-entendu pas du RND. S’agit-il de paroles en l’air, lancées à l’aveuglette ? Rien n’est moins sûr, puisque le secrétaire général du FLN les a répétées dans un meeting qu’il a animé hier à Bouira.
Les observateurs, qui ne perdent pas de vue l’horizon 2019 et son échéance électorale cruciale, ont décelé dans l’intervention d’Ould Abbès une allusion à peine voilée à Ahmed Ouyahia – Premier ministre mais en même temps, lui aussi, secrétaire général d’un parti politique, le RND, allié de l’ex-parti unique dans la majorité présidentielle – porteur d’une ambition, certes non déclarée mais évidente aux yeux de tous, de gagner la prochaine élection présidentielle. Et ce, d’autant plus que Ouyahia semble attendre son tour depuis presque vingt ans, c’est-à-dire la durée des quatre mandats successifs du président Bouteflika.
Mais voilà, pour Djamel Ould Abbès, il n’y a rien de plus logique que le Président soit issu du FLN depuis l’indépendance et – il ne pose pas la question, mais elle surgit de son propos – pourquoi cette logique s’arrêterait-elle en 2019 ? Le secrétaire général du FLN a-t-il été mandaté pour tenir ce discours ? En tout cas, il relance le débat à la veille des élections pour le renouvellement des APC et APW.
En fait, il n’y a pas meilleure façon de mobiliser les militants du FLN et son électorat pour sortir victorieux du scrutin du 23 novembre. Car c’est l’occasion pour l’ex-parti unique de démontrer qu’il est bien le premier parti en Algérie et que la logique qui fait que le président de la République soit issu de ses rangs fonctionne toujours. Peut-on considérer alors que ce qu’a dit Ould Abbès n’est que «paroles en l’air» ?
K. M.
Comment (6)