Gordon Brown avoue : «Les Etats-Unis nous ont manipulés en Irak !»
De Londres, Boudjemaa Selimia – Un rapport confidentiel des services secrets américains sur les armes de destruction massive en Irak n’a pas été révélé au gouvernement britannique dirigé alors par Tony Blair, rapporte l’hebdomadaire britannique The Observer, se référant à un livre écrit par l’ancien Premier ministre Gordon Brown. «Le département de défense américain savait pertinemment que Saddam Hussein ne possédait pas d’armes de destruction massive mais Washington a sciemment caché cette vérité à la Grande-Bretagne», affirme l’ex-Premier ministre, qui ajoute que de telles informations auraient changé le cours des événements. Ces révélations ont poussé Gordon Brown à conclure que la guerre en Irak «ne pouvait être justifiée comme un dernier recours et l’invasion comme une réponse proportionnée».
L’ex-Premier ministre travailliste a livré ces révélations dans son nouvel ouvrage intitulé Ma vie, notre époque, paru cette semaine, dans lequel il écrit : «Le camp des va-t-en-guerre parmi les néoconservateurs dans l’administration américaine en position de force était en mars 2003.» Brown s’interroge s’il était possible de faire un effort pour s’assurer de la fiabilité des renseignements militaires fournis par les Américains sur les capacités militaires de l’Irak avant que la décision d’engager les troupes britanniques n’ait été prise.
Gordon Brown explique qu’en sa qualité de ministre des Finances à l’époque il n’avait pas accès à tous les rapports du renseignement par rapport à d’autres membres de l’équipe gouvernementale. Il affirme avoir été rassuré par le MI6 (un des services du renseignement britannique) sur la fiabilité des renseignements concernant la prétendue détention par Bagdad d’armes de destruction massive. Mais après la vérification de tous les éléments concernant ce dossier, après son départ du 10 Downing Street, Gordon Brown est convaincu que «tout le monde a été trompé sur l’existence de ces armes en Irak».
L’ancien Premier ministre britannique a, par ailleurs, confié que dès sa désignation à la tête du gouvernement en remplacement de Tony Blair, contraint à la démission en 2007 en raison de son impopularité, il avait envisagé de retirer les troupes britanniques d’Irak bien avant les Américains. Mais il a fallu attendre avril 2009 pour rappeler les soldats britanniques à cause du chaos qui prévalait en Irak après la chute de Saddam Hussein. «Je n’ai pas souhaité précipiter le retrait de nos troupes pour ne pas discréditer les choix de Tony Blair», explique Brown, en soulignant qu’«il a fallu assumer nos responsabilités pour préserver l’intégrité de l’Irak et permettre à ce pays de se relever après les dégâts occasionnés par l’intervention militaire américano-britannique sans mandat des Nations unies».
Pour l’ancien Premier ministre britannique, «les Américains ne semblent pas tirer les leçons du désastre irakien». Washington continue, selon lui, «à mener sans gêne sa politique fondée sur le droit d’ingérence». «La situation en Syrie et en Libye en est la preuve», affirme Gordon Brown qui estime que «les choses risquent même de prendre une tournure apocalyptique avec Donald Trump qui continue son bras de fer avec Pyongyang».
B. S.
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