Ils n’y croient pas
Par Kamel Moulfi – Les observateurs qui rapportent dans les médias les échos de la campagne électorale pour le scrutin du 23 novembre font, à peu près, le même constat : le démarrage de sa première semaine ne s’est pas fait sur les chapeaux de roues. Loin s’en faut. Le président de la HIISE lui-même le reconnaît, en parlant de début «timide» de cette campagne.
L’enjeu est pourtant majeur. Il s’agit, ne l’oublions pas, de renouveler pour cinq ans les Assemblées populaires communales (APC) et de wilaya (APW). Alors, qu’est-ce qui explique cette «morosité» pour reprendre le qualificatif qui revient le plus souvent dans les commentaires ?
La réponse semble évidente si l’on se réfère à l’ambiance générale qui influence l’état d’esprit de l’électorat. Depuis que les cours du pétrole ont chuté, il n’y a presque plus que des mauvaises nouvelles concernant la vie quotidienne des citoyens. Les expressions qui ont envahi avec force le discours des officiels et les analyses des experts tournent autour du mot «augmentation» – non pas des salaires comme c’était le cas quand les cours du brent sur les marchés internationaux caracolaient à des sommets vertigineux – mais du coût de la vie qui a tendance à prendre un envol, au point de ne plus pouvoir être supporté par de larges couches de la population. Or, c’est dans ces catégories populaires de la société que se trouvaient les électeurs les plus assidus au moment des scrutins.
Un autre facteur non moins important joue pour éloigner les électeurs des urnes à la veille de ce scrutin. Les candidats et les dirigeants des partis politiques engagés dans cette bataille électorale le savent bien et la preuve, ils la donnent en insistant sur le renforcement du rôle des élus locaux et donc des APC. Sans prérogatives réelles par rapport aux «administratifs» et, pis, très souvent presque sans ressources humaines et financières, ils ne peuvent effectivement pas répondre aux attentes de la population. Alors, à quoi servent-ils ? Les électeurs doivent se contenter de la promesse que tout changera bientôt dans la gestion locale. Cet argument suffira-t-il à les sortir du scepticisme qui nourrit leur léthargie ?
K. M.
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