Contribution – Elections locales : la kermesse, le méchoui et les perroquets
Par Anaaf* – La campagne électorale des élections municipales en Algérie, prévue pour le 23 novembre 2017, est lancée.
Toutes celles et ceux qui y participent, comme candidats ou formations politiques, affirment vouloir donner un véritable espoir de changement et une bouffée d’oxygène aux citoyens résidents dans les villes, asphyxiées au sens propre comme au sens figuré. Mais les Algériens ne se laissent plus duper par des discours qui se résument à des slogans où les promesses qui y sont affichées n’ont de valeurs que pour celles et ceux qui veulent ou rêvent d’y croire.
Aujourd’hui, partout dans le monde, y compris en Algérie, un constat s’impose, celui de la majorité des électeurs qui ont la conviction que les «leaders politiques traditionnels» ont échoué et ne réussissent plus à les convaincre, ni de leur sincérité ni de leur compétence, à vouloir et encore moins à pouvoir améliorer leur vie quotidienne. Les citoyens, partout dans le monde, ont de plus en plus de mal à croire les discours politiques qui leurs sont servis parce qu’ils ne leur offrent aucune réelle possibilité d’influer sur le cours de la chose publique.
Cela démontre, pour le moins, une défiance des citoyens vis-à-vis de la politique et du politique et aggrave la défaillance et l’échec de celui-ci à regagner leur confiance dans sa propre capacité d’action et de changement.
Et comment les croire ? Tellement la gestion de beaucoup de villes a été catastrophique, notamment au niveau de la propreté, de la gestion des déchets ou de l’embellissement urbanistique. Le respect de certaines valeurs cardinales, aux plans moral et politique, attendu de tout élu est celui de se concentrer sur «l’intérêt public, la justice sociale entre tous les administrés et la prise en compte des intérêts des générations futures».
Les électeurs se feraient un devoir et un plaisir de lire des programmes, proposés et défendus avec forte et honnête conviction politique, par des candidats qui ambitionnent d’obtenir leur soutien pour être élus lors des prochaines élections, où seraient abordés, avec consistance et clarté, les grandes lignes d’une politique municipale dans les domaines des transports, de l’aménagement urbain, des espaces publics et des espaces verts, des infrastructures, des déchets, du logement, du travail pour les jeunes, du développement de la vie culturelle locale, de la sécurité et de la santé publique au sein de la cité.
Malheureusement, rien de transcendant dans les «ânonnements» de certains candidats diffusés sur Canal Algérie à destination de la diaspora algérienne, installée en France ou ailleurs dans le monde, pour la convaincre qu’un vent nouveau et dynamisant soufflera sur la prochaine campagne électorale morose des élections prévues pour le 23 novembre prochain.
Faut-il encore et toujours attendre qu’émergent enfin de vrais candidats à un mandat public, qu’ils se présentent devant les citoyens algériens avec un engagement politique détaillé et concret, loin des traditionnelles kermesse où le «méchoui» sert à attirer des voix pour que des «perroquets» qui lisent des slogans creux et vaseux, préparés à l’avance, soient toujours désignés pour être favoris et «élus» le jour de la loterie électorale ?
Faut-il donc, au regard de ce qui vient d’être dit et pour qui va sonder «les légitimes attentes» de toutes celles et ceux qui vivent dans l’Algérie profonde de la glorieuse Révolution du 1er Novembre 1954, s’étonner qu’une écrasante majorité silencieuse d’entre eux se moque royalement de qui sera ou ne sera pas le caméléon ou la souris désignés candidats aux élections, mais sont avant tout préoccupés par la cherté de leur vie quotidienne, les possibilités qui leur seront garanties pour demeurer sur leur lieu de naissance, là où ils ont grandi, pour y vivre et travailler et combattre l’idée même de partir ou de s’exiler – illégalement et aussi légalement – dans d’autres pays en prenant le risque de mourir en pleine mer sur une embarcation de fortune ?
En vérité, les citoyens algériens ne demandent pas l’impossible car ils sont très nombreux à être conscients, comme l’a précisé Condorcet, que «plus un peuple est éclairé, plus ses suffrages sont difficiles à surprendre. Même sous la Constitution la plus libre, un peuple ignorant est esclave».
Ils ne croient plus dans les grands projets, jamais concrétisés parce que naturellement irréalistes. Comme beaucoup de citoyens dans le monde, ils sont partisans d’idées simples et réalisables, peu coûteuses pour les finances publiques et qui bouleverseront positivement leur vie et celle de leurs enfants dans leur cité respective.
Pour toutes ces raisons, ils attendent enfin, avec impatience, que ceux et celles qui veulent les représenter et les «gérer» modifient leurs propres comportements et prennent la mesure de leur énorme responsabilité sur le chemin de la prospérité morale et matérielle, celle qui repose sur la conduite de tout le peuple algérien à accepter des règles communes et à assumer les devoirs qui en découlent.
(*) Alliance nationale des associations des Algériens de France
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