L’Algérie se prépare à des échanges internationaux en monnaie chinoise
Par Houari Achouri – Certains indices montrent que l’Algérie prend au sérieux les annonces d’une entrée prochaine de la devise chinoise, le yuan, sur le marché international pétrolier qui n’admet jusqu’à présent que le dollar pour ses transactions, une monnaie dont la fabrication à volonté relève du monopole des Etats-Unis.
L’actualité politique et économique internationale centrée sur l’Asie où les présidents des trois plus grands pays – Chine, Russie et Etats-Unis – se sont réunis pour un Sommet, indique bien dans quel sens évolue le monde.
De toute évidence, l’Algérie s’y prépare. Depuis un an au moins, le yuan fait partie du panier de devises qui sont dans le tableau publié chaque semaine par la Banque d’Algérie donnant le cours du dinar algérien contre les principales devises et monnaies sur le marché interbancaire des changes. Pour l’heure, le gros des exportations algériennes est constitué par les hydrocarbures, dont les ventes sont effectuées exclusivement en dollars.
Cette réalité se traduit dans les chiffres qui accompagnent les indicateurs du commerce extérieur de l’Algérie qui figurent dans les bilans établis par la Banque d’Algérie et par les services du ministère des Finances et du ministère Commerce, ainsi que ceux fournis dans les statistiques des Douanes. On peut constater, à la lecture de ces bilans, que l’essentiel des échanges extérieurs de notre pays sont libellés en dollars américains et accessoirement dans la monnaie unique européenne, l’euro. Mais cela n’a pas empêché l’institution bancaire algérienne de demander aux banques algériennes, publiques et privées, de se préparer techniquement à utiliser la monnaie chinoise dans le commerce international. On a même entendu parler de l’éventualité que l’Algérie place une partie de ses réserves de changes en monnaie chinoise.
Autre fait convergent : l’éventualité, si notre pays y est forcé, de contracter un prêt auprès de la Chine, qui est une option retenue de préférence à un endettement extérieur auprès des institutions financières internationales – Fonds monétaire internationale et Banque mondiale – ou des banques étrangères qui avaient prêté à l’Algérie dans les années 1980.
Le Fonds monétaire international (FMI) lui-même a donné le ton, il y a plus d’un an, en incluant dans son nouveau panier du droit de tirage spécial (DTS) qui inclut le renminbi, qu’il a considéré comme une monnaie librement utilisable aux côtés du dollar américain, de l’euro, du yen et de la livre sterling. Le FMI n’a fait qu’anticiper sur une évolution, voire une révolution, qui pourrait voir le dollar américain évincé du marché international du pétrole par le yuan.
On apprend que la Chine, principal importateur de pétrole du monde, s’apprête à lancer sur le marché de Shanghai un contrat à terme sur le pétrole brut libellé en yuans et convertible en or physique. Ce marché concernerait dans un premier temps la Russie, l’Iran et le Venezuela, qui sont parmi les principaux exportateurs de pétrole. Rien n’exclut, estiment les spécialistes, que l’Arabie Saoudite s’y mette, elle aussi, si ses rapports avec les Etats-Unis venaient à se détériorer.
H. A.
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