Le Maroc parmi les 30 pays qui ont manipulé internet pour déformer l’information en ligne
Le Maroc a figuré parmi les 30 pays dont les gouvernements ont manipulé internet pour déformer l’information en ligne, selon un rapport de l’ONG américaine Freedom House qui s’inquiète du déclin de la liberté sur internet dans ce pays. «La liberté sur internet au Maroc a décliné au cours de l’année dernière, le déblocage des VoIP ayant été compensé par une répression à l’encontre des voix dissidentes et des journalistes et militants en ligne qui couvrent des manifestations», souligne cette étude menée dans 65 pays et intitulée «Freedom on the Net».
Le Maroc a recouru à de multiples tactiques de manipulation qui incluent l’usage «de commentateurs progouvernementaux rémunérés», de bots politiques et des comptes automatisés, pour renforcer la censure et lutter contre l’anonymat en ligne, relève ce rapport qui couvre la période allant de juin 2016 au 31 mai 2017. Le gouvernement marocain a bloqué, entre autres, des contenus de l’opposition et censuré des informations sur les minorités religieuses et ethniques au Maroc. «Blocage des médias sociaux, arrestation de blogueurs, paiement de faiseurs d’opinion sont devenus aussi des techniques très répandues au Maroc, le plaçant parmi les 32 pays qui ont connu un déclin de liberté sur internet en 2016», s’inquiète l’ONG américaine.
Avec un score de 45%, soit un point de moins comparé au classement de 2016, le Maroc figure dans la catégorie des pays partiellement libres ayant enregistré une hausse des violations des droits en ligne. Des centaines de personnes, y compris plusieurs journalistes de la presse en ligne, ont été arrêtées dans le sillage de la répression du mouvement Hirak à Al-Hoceima, rappelle l’ONG, précisant que «leur procès a été reporté au moins six fois, une tactique régulièrement utilisée par les autorités marocaines pour éviter la condamnation internationale et maintenir l’autocensure». Cette situation est renforcée par le contrôle d’internet par l’Etat pour créer une atmosphère de peur parmi les journalistes et les militants en ligne. «Le harcèlement et l’intimidation extrajudiciaire restent une préoccupation majeure dans le pays, en particulier durant les interrogatoires de police», écrit Freedom House. «En plus du contrôle et des attaques menées au moyens de maliciels, les voix dissidentes font l’objet de cyberattaques continues», note l’organisation.
Freedom House constate, par ailleurs, que de plus en plus de pays ont recouru en 2016 à la manipulation des réseaux sociaux pour traquer les opposants et étouffer les voix dissidentes. Près de la moitié des 65 gouvernements étudiés par le rapport ont enregistré des baisses de scores en matière de liberté d’internet, alors que 13 pays seulement ont fait des progrès dans ce sens, mais leurs avancées restent minimes, estime l’ONG. «Les tactiques de manipulation et de désinformation en ligne ont joué un rôle important dans les élections d’au moins 18 pays au cours de l’année écoulée, y compris aux Etats-Unis», selon le rapport. Un nombre record de gouvernements ont restreint l’accès à internet mobile pour des raisons politiques et sécuritaires, en particulier dans des zones peuplées de minorités ethniques ou religieuses, affirme Freedom House.
R. I.
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