Le Makhzen «punit» la Mauritanie pour son rapprochement avec l’Algérie
Par Sadek Sahraoui – Il n’est pas nécessaire d’être un spécialiste du Maghreb pour comprendre que les relations entre la Mauritanie et le Maroc sont actuellement des plus exécrables. Cela se voit d’ailleurs à l’œil nu. Les perspectives d’une normalisation de leurs relations bilatérales à moyen terme est difficile à envisager puisque les dirigeants des deux pays donnent actuellement l’impression de faire tout ce qu’il faut pour aggraver la situation et alimenter la guerre froide qui les oppose. Les premiers à subir les conséquences de cette confrontation sont bien évidemment les populations des deux pays. Elles subissent au quotidien le «profond» différend qui oppose Mohammed Ould Abdelaziz à Mohammed VI.
Pour faire pression sur Nouakchott, Rabat n’a ainsi rien trouvé de mieux à faire pour rendre impossible la vie aux Mauritaniens de passage sur son territoire lorsqu’ils rentrent notamment d’Espagne que de leur imposer… un visa de passage dont la durée n’excède pas trois jours. Sadiques et dénuées d’humanité qu’elles sont, les autorités marocaines savent très bien qu’il est très difficile de traverser le territoire marocain et le Sahara Occidental illégalement occupé par Rabat depuis 1975 en trois jours. Cela à moins d’être un fou du volant.
Depuis que cette mesure inique a été mise en place, les accidents de la circulation impliquant des Mauritaniens se sont multipliés au Maroc et au Sahara Occidental. C’est justement cette énième provocation que les membres de l’Union des Mauritaniens installés en Espagne ont dénoncé avec force lors d’un rassemblent de protestation qu’ils ont organisé mercredi à Nouakchott. Pour rendre au Maroc la monnaie de sa pièce, la présidence mauritanienne n’exclurait plus l’idée de fermer carrément sa frontière avec le Sahara Occidental.
Si le président Mohammed Ould Abdelaziz, qui n’a plus désigné d’ambassadeur à Rabat depuis plusieurs années, met sa menace à exécution, il est certain que le Maroc aura beaucoup à perdre. La Mauritanie constitue pour ce pays la seule voie d’accès à l’Afrique de l’Ouest, où il compte écouler le gros de ses marchandises. La menace d’Ould Abdelaziz pourrait bien sonner la mort programmée de l’ambition économique de Mohammed VI en Afrique. Par ces temps de vaches maigres, le Maroc ne peut même pas se permettre de perdre le marché mauritanien qui absorbe une partie appréciable de sa production en fruits et en légumes. De son côté, le président mauritanien paraît très à l’aise, puisqu’il a un voisin au nord qui s’appelle l’Algérie et qui peut constituer une alternative au Maroc. Un pays qui plus est un allié. C’est clair, en provoquant la Mauritanie, le Maroc a plus à perdre qu’à gagner.
S. S.
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