Boycottée par l’Algérie : la réunion convoquée par Riyad a été un fiasco
Par R. Mahmoudi – Comme anticipé par Algeriepatriotique, l’Algérie n’a pas pris part à la réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe qui s’est tenue dimanche au Caire, à la demande de l’Arabie Saoudite, pour prendre des mesures contre ce qui était qualifié d’«ingérence de l’Iran dans les pays arabes». Alors que deux pays, l’Irak et le Liban, avaient dès le départ choisi d’être représentés par de simples diplomates. Les représentants de ces deux pays se sont, d’ailleurs, abstenus de voter, jugeant certains points du communiqué final, qualifiant le Hezbollah d’«organisation terroriste», contraires à leurs convictions.
Pour une réunion convoquée d’urgence et annoncée comme décisive, les observateurs de la scène arabe n’hésitent pas à parler d’échec. Parce que non seulement une partie des membres de la ligue n’y ont pas assisté, mais aussi, parce qu’aucune décision pratique n’a été prise contre la République islamique d’Iran ni contre ses alliés. En dehors d’un rappel du classement du Hezbollah comme «organisation terroriste», déjà adopté en mars 2016, sur instigation des Al-Saoud et leurs alliés du Conseil de coopération du Golfe (CCG), aucune nouvelle disposition n’a été votée.
Dans la déclaration finale sanctionnant les travaux de la réunion, les signataires condamnent le tir de missile yéménite sur l’Arabie Saoudite et le sabotage d’un oléoduc à Bahreïn imputé à l’Iran, et autorisent Riyad et Manama à «prendre les mesures adéquates pour riposter contre ces agressions dans le cadre de la légalité internationale». Ils menacent de porter plainte devant le Conseil de sécurité de l’ONU pour amener l’Iran à cesser ses «violations» contre la sécurité et la stabilité des pays arabes. Mais, contre toute attente, aucune mesure contre le Liban, dont le gouvernement accueille pourtant le Hezbollah dans ses rangs.
Les ministres d’Arabie Saoudite et de Bahreïn se sont contentés de se servir de cette tribune pour débiter le même discours anti-iranien, soutenu par le secrétaire général de la Ligue arabe, l’Egyptien Ahmad Aboul Ghaith. Le chef de la diplomatie saoudienne, Adel Al-Jubeir, s’est distingué par une intervention virulente, en accusant l’Iran d’avoir «violé» les conventions internationales après le tir d’un missile par des rebelles yéménites intercepté au-dessus de l’aéroport international de Riyad, début novembre. «Nous devons faire face aux politiques de Téhéran pour préserver notre sécurité nationale», a-t-il plaidé, tout en menaçant que son pays «ne restera pas les bras croisés». Rejouant la carte de la religion, il a estimé que les missiles houthis ne respectaient pas les lieux sacrés musulmans.
R. M.
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