Il s’accroche
Par Sadek Sahraoui – Bien qu’ayant compris qu’il était bel et bien fini, le président zimbabwéen, Robert Mugabe, continue tout de même de s’accrocher de façon pathétique au pouvoir et à entretenir l’espoir absurde et aussi mince que le fil d’une lame de rasoir qu’il peut parvenir à convaincre l’armée de lui offrir une petite rallonge. Dans sa tête de leader sénile, il pense pouvoir encore blouser le peuple zimbabwéen.
L’image de l’ancien héros de l’indépendance du Zimbabwe rusant pour garder pendant quelques mois encore son fauteuil de chef de l’Etat, après avoir battu le triste record du plus vieux Président en exercice, est affligeante, déconcertante et absurde. Mais qu’est-ce qui peut bien tourner dans la tête de cet ancien grand maquisard qui a déjà pourtant tout et qui a connu toutes les gloires ?
Comme beaucoup d’autres grands leaders africains ayant choisi d’offrir leur jeunesse à la lutte contre le colonialisme allemand, britannique, espagnol, français ou portugais, Mugabe avait toutes les possibilités de rester pour la postérité un exemple et un modèle de bravoure, de courage et de résistance. Il aurait pu devenir ce héros que tout le continent aurait vénéré jusqu’à la fin des temps. Des héros comme l’Afrique aime. Des héros comme l’Afrique en demande.
Au lieu de l’immortalité, Mugabe a choisi de sortir de l’histoire par la petite porte, de trahir les idéaux pour lesquels il s’est battu, comme l’on fait d’ailleurs avant lui les Wade, les Compaoré, les Benali et les Moubarak. En cherchant dans sa folie des grandeurs à se proclamer tuteur à vie des Zimbabwéens et à transmettre le relais à sa femme, Robert Mugabe a pris le risque insensé et immense de faire détester aux jeunes Africains le combat des Lumumba, des Thomas Sankara, des Houari Boumediene, des Nelson Mandela, des Gamal Abdel Nasser, des Kwame NKrumah et de tant d’autres grandes figures de l’Afrique.
En agissant de la sorte, lui et ses homologues africains qui continuent à faire de vieux os au pouvoir et à humilier au quotidien leurs sociétés tendent une perche inespérée aux agents du néocolonialisme dont le travail en Afrique consiste justement à délégitimer les luttes de libération. Leur but étant bien sûr de préparer une recolonisation du continent. Rien que pour ça, Mugabe mériterait d’être déchu de son africanité. Honte à vous M. Mugabe !
S. S.
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