Le Maroc abandonne ses ressortissants réduits à l’esclavage en Libye
Par R. Mahmoudi – Le palais royal du Maroc ne s’est pas encore remis d’un scandale qu’un autre vient d’éclater. La presse marocaine révèle que des dizaines de Marocains, la plupart sans passeport, se trouvent depuis plusieurs mois détenus en Libye, otages des réseaux de trafic d’être humains, alors que les autorités de Rabat ne font rien pour leur rapatriement.
Malgré toutes les alertes lancées à travers des proches, aucun secours n’est apporté à ces ressortissants en détresse qui, en plus des maltraitances quotidiennes, sont soumis aux plus vils chantages. Partis dans l’espoir de rejoindre l’Italie, fuyant la misère dans leur pays, ces immigrants marocains ne cherchent aujourd’hui qu’à se délivrer des mains de leurs geôliers qui leur demandent une rançon qu’ils ne pourront évidemment pas payer.
Un de ces otages, père de sept enfants, originaire de la région de Khouribga, lance ce cri de détresse qui résume l’état d’abandon total dans lequel se retrouvent ces ressortissants marocains : «Nous voulons seulement rentrer au pays comme les Algériens, les Egyptiens ou les Nigérians. Nous attendons toujours une intervention royale pour mettre fin à nos souffrances et à celles de nos familles.»
Un autre témoignage recueilli par un site marocain par le biais de la famille d’une des victimes confirme la présence de Marocains parmi les personnes vendues comme des esclaves en Libye, aux côtés des ressortissants issus des pays subsahariens : «Un gang nous avait séquestrés et a pris contact avec le chef d’un réseau d’immigration clandestine pour nous vendre. La transaction a eu lieu. Notre acquéreur nous a obligés à payer le double de la somme qu’il a déboursée pour nous acheter. L’armée a fini par donner l’assaut contre les maisons que nous habitions à Sabratha (nord-ouest de la Libye, NDLR) et nous avons fini dans un centre de rétention.»
Pour protester contre le silence des autorités de leurs pays, d’aucuns de ces malheureux aventuriers n’ont eu d’autre choix que d’entamer des grèves de la faim. Le responsable d’un centre de rétention à Zouara, en Libye, tout en niant la traite d’êtres humains et les maltraitances contre les personnes retenues, n’en reconnaît pas moins l’état d’abandon dans lequel se trouvent les ressortissants, en affirmant, entre autres, qu’aucune autorité nit aucune ONG marocaine, par exemple, n’a visité leur centre pour s’enquérir du sort des Marocains qui y sont retenus.
R. M.
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