Message du président Bouteflika au roi Salman : où est le mystère ?
Par R. Mahmoudi – La diplomatie algérienne est de nouveau au centre de manipulations médiatiques aussi étranges que pernicieuses. Des organes d’information algériens, rendant compte de l’audience accordée par le roi d’Arabie Saoudite, hier mardi, au ministre algérien de la Justice Tayeb Louh, durant laquelle celui-ci a remis au souverain saoudien une lettre du président Bouteflika, ne se sont pas gênés de tromper leurs lecteurs.
Citant l’agence turque Anadolu, qui elle-même se rapportait à un compte rendu de l’agence officielle saoudienne SPA, certains titres, bien ou mal inspirés, ont tenu à préciser que la dépêche en question qualifiait la lettre en question de «mystérieuse». Or, à relire la dépêche telle que publiée par Anadolu, on s’aperçoit que ni l’une ni l’autre n’ont nulle part utilisé ce qualificatif dans leur compte-rendu, qui est globalement le même. Au-delà d’une quête de sensationnel à tout prix, les médias qui se sont livrés à une trituration aussi déloyale qu’importune contribuent, consciemment ou inconsciemment, à un travail de sape qui vise depuis quelque temps la diplomatie algérienne dans une conjoncture régionale hypersensible.
Elle intervient quelques jours après la réunion des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe au Caire. La participation algérienne, assurée par une délégation fortement réduite, en l’absence du chef de la diplomatie algérienne, Abdelkader Messahel, a donné lieu à moult interprétations et, surtout, a poussé certains médias algériens à préjuger que l’Algérie s’était définitivement alignée sur la position de Riyad dans son conflit contre Téhéran et ses alliés arabes.
Cela dit, il est fort probable que le message du chef de l’Etat au roi Salman contienne une clarification de la position de l’Algérie dans le remue-ménage actuel dans la région du Golfe, à commencer par la crise ouverte avec le Qatar, la guerre au Yémen, pour finir avec les pressions qui s’accentuent sur le Liban. On peut également supposer que, par ce message, le président Bouteflika veuille «recadrer» d’une certaine manière l’action diplomatique algérienne dans son redéploiement actuel. Le choix du ministre de la Justice, Tayeb Louh, à la place du ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, pour transmettre cette lettre peut être perçu en soi comme «un message» qui reste à décrypter.
R. M.
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