Pékin a décidé ?
Par Sadek Sahraoui – Les voyages effectués dernièrement par le patron de l’armée zimbabwéenne en Chine laissent penser que le changement survenu au sommet de l’Etat zimbabwéen a été inspiré par Pékin. La Chine aurait toutes les raisons de pousser le président Robert Mugabe vers la porte de sortie. C’est que l’ancien héros de la guerre d’indépendance du Zimbabwe commençait à mettre sérieusement en péril, avec sa politique économique chaotique, les investissements consentis par les Chinois dans ce pays. Et ils sont importants. Pour les autorités chinoises, il n’était donc pas question de perdre leur argent ou d’être amenées à quitter un pays qui compte beaucoup dans leur stratégie de conquête de l’Afrique.
Pékin est de loin le premier partenaire économique et commercial de Harare. Une centaine d’entreprises chinoises est présente dans le pays. Les investissements chinois au Zimbabwe ont augmenté de 5 000% depuis 2009, selon une étude de l’Institut sud-africain des affaires internationales (SAIIA). Des investissements chinois sont prévus dans l’industrie. R&F a annoncé en début d’année, en effet, vouloir investir deux milliards de dollars pour reprendre Zisco, le plus grand producteur de fer et d’acier du Zimbabwe.
Plus de la moitié des investissements étrangers au Zimbabwe sont chinois et représentaient, en 2015, 450 millions de dollars. Une manne pour ce pays exsangue économiquement, où 90% de la population serait au chômage. Un effondrement brutal du régime aurait mis en péril les intérêts de la Chine considérée comme un soutien actif du parti Zanu-PF. Pour éviter un tel scénario, Pékin a donc agi pour sauver le parti au pouvoir.
La presse chinoise a longuement applaudi le départ à la retraite de Mugabe auquel elle a reproché de ne pas avoir suffisamment exploité le plein potentiel des relations entre les deux pays. Un fait rare pour les médias d’un pays peu enclin à s’ingérer dans les affaires internes de pays tiers.
S.S.
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