Réforme de l’islam : l’Arabie Saoudite veut éliminer les faux hadiths
Par Sadek Sahraoui – Le prince saoudien Mohamed Ben Salmane est sur tous les fronts. Outre vouloir réformer l’économie de son pays et ouvrir la société saoudienne sur le monde, il vient de se fixer le dur pari de débarrasser l’islam de toutes ses scories. Il compte notamment commencer par l’élimination des faux hadiths.
Il faut savoir qu’en islam, les hadiths sont la seconde source de législation chez la majorité des musulmans orthodoxes après le Coran. Les recueils de hadiths (paroles ou actes du Prophète, collectés plus de deux siècles après sa mort) sont souvent sacralisés au point que de nombreux critiques ont subi les foudres de leurs contemporains. Pourtant, certains chercheurs soutiennent que l’authenticité de certains hadiths n’est pas garantie.
Pour réussir son pari, Mohamed Ben Salmane a décidé de créer un Centre des hadiths du Prophète qui sera basé à Médine. Peu médiatisé, le décret royal saoudien est daté du 18 octobre. Sa direction a été confiée à un membre connu de la famille Al-Cheikh, descendant de Mohamed Ibn Abdelwahab, fondateur du wahhabisme. Un conseil scientifique international sera par ailleurs constitué pour mener ce travail de purge. Ce centre devra «expurger les compilations des faux hadiths de ceux qui sont en contradiction avec le Coran ou de ceux qui sont utilisés pour justifier et alimenter le terrorisme», a récemment affirmé le prince héritier. Cette décision a pris la forme d’un décret du roi Salmane. L’objectif final assigné à ce Centre est, a-t-il souligné, de «contribuer à diffuser la pensée modérée, l’islam modéré».
Mohamed Ben Salmane a-t-il la légitimité pour mener une telle réforme ? De prime abord, oui. L’Arabie Saoudite est la gardienne des Lieux saints de l’islam. Par contre, il faut voir si les gardiens attitrés du wahhabisme le laisseront faire. Il faut savoir que de nombreux hadiths sont le fondement du wahhabisme et le wahhabisme et le pacte de Najd sont le fondement de l’Etat saoudien actuel, depuis environ trois siècles. Mohamed Ben Salmane va-t-il scier la branche sur laquelle il est assis ? Nous le saurons bien assez vite.
S. S.
Comment (38)