Assassinat de Saleh : la guerre entre l’Arabie Saoudite et l’Iran a commencé
Par R. Mahmoudi – Avec l’attentat contre l’ex-président Ali Abdallah Saleh, la crise du Yémen vient de franchir une nouvelle étape porteuse de périls majeurs pour l’avenir de ce pays en guerre depuis six ans. Du coup, c’est l’avènement de la grande confrontation tant de fois annoncée entre l’Arabie Saoudite et l’Iran qui s’accélère. Après les menaces et une série de mesures prises contre les alliés de l’Iran dans la région (classement du Hezbollah comme organisation terroriste, pression sur le gouvernement libanais pour s’en séparer, intensification de la campagne médiatique contre la République islamique d’Iran…), l’Arabie Saoudite et ses alliés arabes sont désormais dans l’obligation d’assumer une confrontation plus ouverte avec Téhéran, alliés des Houthis au Yémen et du Hezbollah au Liban.
Les Saoudiens voient déjà dans cet attentat ciblé, revendiqué par les Houthis, comme une déclaration de guerre et un défi lancé à la coalition arabe qui cherchait désespérément un moyen de sortir de son enlisement au Yémen. Incapables d’en finir militairement avec la rébellion des Ansar Allah, ils ont misé sur le ralliement de l’ex-président Ali Abdallah Salah, qui était depuis le début l’allié des Houthis, pour renverser la situation. Il faut donc s’attendre à ce que l’Arabie Saoudite accentue les pressions sur ses alliés du Conseil de coopération des pays du Golfe, qui se réunit ces jours-ci, pour les associer à une escalade politique et militaire contre l’Iran dans les prochains jours. Conforté par les dernières résolutions de la Ligue arabe, qui l’autorise désormais à prendre les dispositions nécessaires pour se défendre contre «toute agression iranienne», Riyad trouve dans l’attentat d’aujourd’hui une raison suffisante pour justifier son appel à la guerre.
Il faut dire aussi que de l’autre côté des frontières, les Houthis exploitent toutes les faiblesses de leur «ennemi» saoudien pour lui porter l’estocade, par des actes de harcèlement et des frappes à forte charge symbolique, comme le premier tir de missile intercepté à l’aéroport de Riyad, en octobre dernier, suivi d’un deuxième lancé sur les Emirats arabes unis, l’autre allié zélé des Saoudiens dans leur expédition contre le Yémen.
R. M.
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