Cycle d’horreur
Par R. Mahmoudi – Les premières images de l’ex-président du Yémen mort dans un attentat (ou une exécution sommaire ?) sont venues nous rappeler, par leur horreur indicible, celles de l’ex-leader libyen Mouammar Kadhafi il y a cinq ans. Abstraction faite des raisons politiques (ou géopolitiques) qui ont poussé les partisans d’Ansar Allah à abattre leur ancien allié, car il doit bien y en avoir au moins une, ce qui fait vraiment peur, c’est de se rappeler avec quelle facilité et quelle rapidité une telle explosion de violence avait donné lieu à un cycle d’horreurs sans fin (appel malicieusement «printemps arabe»), et s’était étendue à de vastes contrées du monde arabe.
L’opinion internationale semblait, hier, comme abasourdie par la situation tragique qui règne dans ce Yémen oublié des médias. Mais aucune prise de position sur le champ, aucune proposition de paix émanant de l’ONU ni de la Ligue arabe, aucun appel au clame de la part des puissants de ce monde, encore moins des «frères arabes». Au contraire, tout le monde essaie d’ajouter de l’huile sur le feu : les uns, en appelant tout simplement à la vengeance et à intensifier les raids contre ces Houthis indécrottables, les autres, en encourageant les premiers à en découdre avec l’Iran et à déclarer la guerre. Mieux, le locataire de la Maison-Blanche a choisi ce moment de grande pagaille au Moyen-Orient pour menacer de transférer l’ambassade de son pays en Israël vers El-Qods, capitale mythique et premier lieu saint des musulmans. Le fait-il pour faire chanter, encore une fois, les Arabes ou pour provoquer leur colère et déclencher ainsi une guerre des religions ?
Cela se passe à un moment où les Arabes continuent à s’entredéchirer sur l’avenir de leurs relations avec l’Etat hébreu – une question qu’ils croyaient avoir tranchée – et où la fitna fait des ravages dans chaque pays et entre tous les pays. Ainsi va la recomposition du Grand Moyen-Orient.
R. M.
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