Catherine Constantinides : «On ne veut pas du Maroc en Afrique du Sud»
Par Sadek Sahraoui – Dans une longue lettre adressée cette semaine au vice-président d’Afrique du Sud et néanmoins membre influent de l’ANC, Matamela Cyril Ramaphosa, la militante internationale des droits de l’homme Catherine Constantinides invite Pretoria à «veiller à ce que l’Afrique du Sud ne rétablisse pas les relations diplomatiques avec le Maroc». La pourfendeuse du Makhzen considère que «l’arrêt de l’entreprise de colonisation du Sahara Occidental doit être un préalable à la normalisation des relations entre l’Afrique du Sud et le Maroc».
«Le Maroc doit (…) reconnaître les droits inaliénables à l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental. Les prétentions et les visées du royaume sur ce territoire n’ont aucun fondement légal ou historique (…). Il est troublant que l’Afrique du Sud, l’un des alliés les plus anciens de la République arabe sahraouie démocratique, choisisse désormais d’échanger des ambassadeurs avec un pays qui a démontré à plusieurs reprises son profond mépris du droit international et des Nations unies (ONU) et reste une puissance occupante brutale», s’est insurgée Catherine Constantinides.
Après une longue digression destinée à expliquer la justesse du combat du peuple sahraoui et comment la communauté internationale les berne depuis 1991 – date à laquelle il était pourtant convenu d’organiser un référendum d’autodétermination – la militante des droits de l’homme juge également «honteux que l’Union africaine ait décidé d’accueillir dans ses rangs le Maroc», un colonisateur alors que la raison d’être même de l’organisation panafricaine est de combattre la colonisation et le néocolonialisme. Pour elle, le Maroc est même devenu plus arrogant depuis son admission à l’UA.
«Les réfugiés sahraouis qui ont fui en 1975 les exactions marocaines vivent aujourd’hui dans des camps dans le désert algérien dans des conditions extrêmement difficiles. Ils ont accepté de mettre fin à la lutte armée et de placer leur confiance dans le système des Nations unies et dans le droit international. En réponse, le Maroc a, à plusieurs reprises, aggravé la situation et empêché la tenue du référendum. Pis encore, il a inondé le Sahara Occidental de colons marocains et commis des violations massives des droits humains les territoires occupés», insiste Catherine Constantinides, pour qui «cette situation n’a que trop duré».
La militante des droits de l’homme a également rappelé que le Sahara Occidental est la dernière colonie en Afrique alors que le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui est reconnu par l’UA, l’ONU et la Cour internationale de justice (CIJ). Elle indique par ailleurs qu’aucun pays ne reconnaît la souveraineté du Maroc sur Sahara Occidental. Malgré cela, s’insurge-t-elle, «et malgré les rapports sur le pillage des ressources naturelles des Sahraouis, les graves violations des droits humains et l’urgence de sortir de l’impasse actuelle, on n’a pas l’impression que la fin du calvaire des sahraouis est proche». Tout cela à cause, dit-elle, de la lâcheté de la communauté internationale.
Selon Catherine Constantinides, «l’Afrique du Sud ne peut pas tolérer le comportement du Maroc». «Ce n’est que face à une forte pression régionale et internationale que le Maroc commencera à agir en tant que membre responsable de l’UA et partenaire crédible de l’ONU», soutient-elle.
S’adressant directement au vice-président Ramaphosa, Catherine Constantinides le prie de «veiller à ce que Pretoria résiste à toute pression qui veulent qu’on renoue nos relations diplomatiques avec le Maroc». «L’Afrique du Sud doit rester résolue dans sa politique et ses positions pour l’autodétermination du peuple sahraoui. Au lieu de rétablir nos relations diplomatiques avec le Maroc nous ferions mieux d’appeler Rabat à reprendre les négociations directes avec le Front Polisario, le représentant internationalement reconnu du peuple sahraoui et à tenir un référendum le plus tôt possible», conclut la militante des droits de l’homme.
S. S.
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