Algériens soignés en France : les médias de l’extrême-droite s’alarment
Par R. Mahmoudi – Plusieurs sites se réclamant de l’idéologie de l’extrême-droite française ont dénoncé un projet de loi en cours d’examen à l’Assemblée nationale concernant les soins de patients algériens en France. Pour ces médias, les Algériens se feront soigner aux frais de l’Etat français.
C’est le site Dreuz.info qui a ouvert le bal, avant d’être suivi par de nombreux organes du même bord. «Français, sortez vos chéquiers : une nouvelle loi permettra aux Algériens de venir plus nombreux se faire soigner en France.» Ces sites prévoient une explosion du nombre d’Algériens qui viendraient se faire soigner en France.
Pour le journal Le Monde, tout cela n’est que de l’intox. Ce journal relève que ces articles alarmistes font référence à un projet de loi «bien réel» qui a été examiné en commission à l’Assemblée nationale fin novembre et devrait l’être le 18 décembre prochain en séance publique. Sauf que, en fins manipulateurs, les auteurs de ces articles opposent artificiellement la situation actuelle à celle proposée dans le projet de loi. «La France et l’Algérie sont, en effet, liées depuis 1980 par une convention de sécurité sociale. A ce titre, il est prévu que des salariés et fonctionnaires résidant en Algérie puissent être pris en charge en France, mais pas leurs ayants droit», analyse le quotidien du soir.
Le journal explique que «cette condition limite le recours à la convention de soins entre les deux pays. Si bien que la Caisse nationale des assurances sociales des travailleurs salariés (Cnas) algérienne a noué d’autres conventions directes avec des établissements de soins français». Ce cas de figure concernerait ainsi, selon les chiffres cités par le député Michel Fanget, 500 à 700 patients algériens par an, alors que la convention de 1980 ne concernerait «plus que 40 à 60» patients par an.
Deuxième argument avancé par l’auteur de l’article, c’est que l’objet du projet de loi est de «mieux recouvrer les frais liés aux soins de ces patients». «Le projet de loi dont il est question ici ne vise donc pas à admettre plus ou moins de patients venus d’Algérie, explique-t-on au cabinet de Michel Fanget, mais de fixer un meilleur cadre à leur accueil. Avec notamment pour objectif d’éviter les contentieux et donc des soins non payés.»
D’après le protocole défini dans le projet de loi cité par Le Monde, il est proposé d’instaurer «un système unique de prise en charge» de ces patients, avec une autorisation préalable et de «meilleures garanties de prise en charge des frais». Ce système a vocation à toucher un public plus large que par le passé, «non pas pour augmenter le nombre de patients concernés, mais parce que c’est dans ce cadre que les contentieux financiers sont les moins nombreux», conclut Le Monde.
R. M.
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