Emouvant hommage du prêtre Christian Delorme à l’ami de l’Algérie Gilbert Meynier
Par Christian Delorme – Quelle nouvelle, qui surgit dans nos univers personnels comme une décharge de foudre ! Nous sommes comme pétrifiés. Nous n’avons pas eu le temps de réaliser que nous étions amputés de la présence de Pierrette, et Gilbert nous fausse compagnie à son tour ! Ses enfants et petits-enfants, ses amis les plus proches ne peuvent qu’être abasourdis et accablés. On pense à eux évidemment très forts. Et nous reviennent en cascade les souvenirs – tous heureux – partagés avec Pierrette et Gilbert au long des années et tout récemment encore.
Les funérailles de Pierrette, c’était il y a seulement quelques jours. Gilbert, malgré le chagrin, avait été lumineux, presque irréel, guidant en partie la cérémonie au temple de la rue Lanterne, aux côtés de Jacques Walter, manifestement comblé par toutes les marques d’affection, les témoignages d’amitié. Nous étions cependant nombreux à nous demander : «Comment va-t-il pouvoir vivre maintenant ? Peut-on imaginer Gilbert sans Pierrette ?» Or, voilà que Gilbert a suivi Pierrette. Mort d’amour davantage que du cancer… Désirait-il autre chose ? Pouvions-nous désirer autre chose pour lui ? Impossible de répondre, bien entendu !
A la suite d’une femme au grand cœur, c’est un homme également infiniment généreux, un homme de bien qui tire sa révérence. Un grand historien, dont l’œuvre consacrée aux Algériens et à l’Algérie s’avère d’une richesse immense, unique, inégalée. Les hommes et femmes d’Algérie et de France n’ont pas encore pris toute la mesure de cette œuvre, mais je suis convaincu que viendra le temps où ils lui en seront infiniment gré, et de façon durable.
Cela ne cesse de se vérifier : le bien ne fait pas de bruit ! Pierrette et Gilbert, tout au long de leurs existences particulières et de leur existence commune, ont agi dans une grande discrétion, avec une admirable humilité. Mais grande aura été leur fécondité. Ils ont été des semeurs de vie, des artisans de paix, des hérauts de la justice.
Nous sommes en deuil. Et, en même temps, formidablement fiers de les avoir connus, d’avoir bénéficié de leur amitié, d’avoir été aimés par eux et de les avoir aimés. Comment pourraient-ils, dès lors, ne pas rester pour nous des vivants ?
C. D.
Christian Delorme est un prêtre français très impliqué dans le dialogue interreligieux, particulièrement avec les musulmans
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