Relations algéro-marocaines : Mohammed VI opte pour l’escalade
Par Sadek Sahraoui – Le Makhzen a juré, de toute évidence, de maintenir les relations algéro-marocaines sous tension. Alors que l’Etat algérien multiplie les gestes d’apaisement et d’amitié à l’égard de son voisin de l’ouest, comme la chaleureuse poignée de main donnée par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, à Mohammed VI lors de la photo de famille du Sommet Afrique-Europe qui s’est tenu le 29 novembre dernier en Côte-d’Ivoire, Rabat ne rate, en revanche, aucune occasion pour jeter de l’huile sur le feu. Il apparaît clairement que la politique algérienne de Mohammed VI repose sur la stratégie de la tension permanente, de la discorde et de la provocation.
Autrement, comment expliquer la démarche de Rabat d’ester le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, pour les propos qu’il a tenus sur la RAM, la compagnie aérienne marocaine. Car, il ne faut pas se tromper, la RAM n’aurait jamais pu prendre elle seule la décision d’attaquer en justice un haut responsable algérien.
Plusieurs sources rapportent, en effet, que la plainte de la Royal Air Maroc contre Abdelkader Messahel doit être déposée avant le 20 janvier prochain. Après avoir envisagé le dépôt de la plainte à Bruxelles et écarté le Maroc et l’Algérie, la compagnie aérienne a finalement choisi de le faire à Paris en s’entourant de l’avocat marocain Hicham Naciri et son confrère français Ralph Boussier, rapporte le site telquel.ma. «Les propos ayant été filmés et publiés sur YouTube, nous pouvons intenter une action judiciaire n’importe où», explique une source proche du dossier, selon laquelle la plainte est actuellement en cours d’élaboration.
Lors d’un forum d’affaires organisé en Algérie, le ministre avait accusé la RAM de transporter autre chose que des passagers et les banques marocaines de blanchir l’argent de la drogue en Afrique. «Les banques marocaines, c’est le blanchiment de l’argent du haschisch, ça tout le monde le sait. Ce sont des chefs d’Etat africains qui me le disent», avait-il déclaré devant un parterre de chefs d’entreprise algériens, avant d’ajouter : «Si c’est ça les banques, je ne sais pas, personne ne nous impressionne. La Royal Air Maroc transporte autre chose que des passagers, et cela tout le monde le sait. On n’est pas le Maroc.»
Les observateurs s’étonnent que cette déclaration ait scandalisé le Makhzen du moment que tout la planète, y compris l’ONU, sait que le Maroc est non seulement le plus grand producteur de cannabis, mais se trouve être également le premier exportateur de cette drogue dans le monde. Le Maroc est même devenu, ces dernières années, la destination favorite des consommateurs de cannabis. Cette drogue se vend et se consomme au vu et su de tout le monde au pays de Mohammed VI. En parlant de la drogue au Maroc, Abdelkader Messahel a, en réalité, enfoncé des portes ouvertes.
S’il y a quelqu’un qui doit saisir la justice, c’est bien l’Algérie. Le Maroc envoie chaque année d’énormes quantités de drogue sur le territoire national pour massacrer la jeunesse algérienne. Un tout autre pays aurait considéré la chose comme une vraie déclaration de guerre. Mohammed VI peut se considérer chanceux d’avoir un voisin aussi patient que l’Algérie. Mais, il doit savoir aussi qu’il n’est pas de son intérêt de trop tirer sur la corde, car qui sème le vent…
S. S.
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