Les désillusions du Kurdistan irakien indépendant
Par Mesloub Khider – En cette période d’agitation et de manifestations initiées par le mouvement irrédentiste du MAK en Kabylie, il est de la plus haute importance de relayer cette information passée sous silence par l’ensemble des médias. Cela se déroule en Irak où un référendum pour l’indépendance du Kurdistan a été organisé en septembre dernier.
Le rêve indépendantiste s’est transformé en cauchemar libéré de toute entrave. En effet, depuis l’obtention de l’indépendance, le Kurdistan est agité par de récurrentes émeutes. Les manifestants accusent leurs dirigeants de les avoir trahis, d’avoir ruiné la province en ratant l’indépendance. Depuis septembre 2017, date du référendum pour l’indépendance, référendum illégal selon Bagdad, le gouvernement irakien a décrété le blocus de la région. Les pays voisins ont applaudi. Et les grandes puissances ont laissé faire.
Ce qui se déroule au Kurdistan est une douche froide pour ceux qui ignorent que la liberté coûte cher. Qu’elle peut même ruiner les partisans de l’indépendance.
Ironie de l’histoire, le régime irakien a envoyé l’armée reprendre le contrôle de Kirkuk, la grande ville pétrolière que les Peshmergas avaient annexée. Aussi, le robinet des pétrodollars s’est refermé. Du jour au lendemain, la moitié de la production a échappé à la souveraineté du pouvoir kurde.
Par ailleurs, le gouvernement irakien a procédé également au bouclage de l’espace aérien, asphyxiant cette région enclavée. Les habitants d’Erbil sont abattus, touchés de plein fouet par la crise. C’est brutal. Depuis un quart de siècle, ils vivaient à crédit comme des pachas alors que le reste de l’Irak se débattait dans le chaos.
Persuadés qu’ils allaient vivre une ère de prospérité grâce à l’accession à l’indépendance, ils se retrouvent assommés. Les entreprises s’enfuient (à l’exemple de la Catalogne confrontée à la même débandade). Les salaires ne sont plus versés. L’électricité est coupée 20 heures par jour. On se croirait au Venezuela. Et la crise politique s’est ajoutée à la crise économique.
Les Kurdes se sont mis soudain à détester les politiciens. Après avoir placé tous leurs espoirs sur ces aventuriers politiciens indépendantistes, les Kurdes déchantent. Des incapables, des corrompus, des traitres, dénoncent en chœur les Kurdes. La désillusion est telle que les émeutiers se ruent sur les sièges des partis politiques pour y mettre le feu. Une vingtaine est partie en fumée.
Au cours de ces manifestations, la police a tiré en l’air, puis a tiré dans le tas. On compte au moins 5 morts et 200 blessés. On n’ose parler de printemps kurde, ce n’est pas de saison. Mais la rage ne retombe pas malgré le déploiement massif des forces de sécurité.
A méditer par les aventuriers du MAK tentés par l’aventure irrédentiste.
M. K.
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