La Grande-Bretagne veut «bousculer» la France dans la région du Sahel
De Londres, Boudjemaa Selimia – Après la série de révélations sur la mauvaise gestion de l’aide britannique en Syrie qui a fini dans les caisses de Daech, au lieu de servir à atténuer les souffrances des populations civiles, otages d’un des conflits le plus meurtrier dans l’histoire de la région, le chef de la diplomatie britannique, Boris Johnson, a promis de «tout faire» pour que le budget consacré à l’aide internationale serve à «appuyer la politique étrangère du gouvernement parallèlement aux efforts de lutte contre la pauvreté dans le monde».
Pour le numéro un du Foreign Office, une grande partie de l’enveloppe des 13 milliards de livres sterling consacrée à l’aide internationale devrait servir à appuyer la stratégie de «lutte contre les organisations terroristes islamistes opérant dans la région du Sahel, notamment en Libye». Boris Johnson envisage également d’utiliser les fonds d’aide pour assister les musulmans rohingyas qui fuient le génocide en Birmanie.
Dans un entretien accordé au Sunday Times, le chef de la diplomatie britannique a laissé entendre que les vieilles pratiques relatives à la distribution de l’aide devraient laisser place à une approche plus judicieuse, qui consiste à agir sur la scène internationale à travers, notamment, le financement des efforts des missions diplomatiques britanniques dans la région du Sahel et en Afrique. Une région qui fait face à d’énormes défis sécuritaires dus à une menace des groupes terroristes de plus en plus grandissante.
Boris Johnson ne cache d’ailleurs pas les ambitions de son pays de marquer sa présence dans la région du Sahel après le Brexit, en vue d’y bousculer les intérêts de la France dans la région, notamment sur le plan de la guerre globale contre les réseaux djihadistes. Selon lui, l’après-Brexit donnerait au Royaume-Uni un total contrôle du financement de l’aide internationale, actuellement à la disposition d’une politique au profit de projets de l’Union européenne. Le ministre britannique des Affaires étrangères a souligné que le Royaume-Uni «est l’un des principaux pourvoyeurs de fonds destinés à l’aide internationale», ajoutant que son pays «n’a jamais été totalement associé aux décisions de la Commission européenne liées à la politique d’aide internationale».
Très remonté contre l’UE, Boris Johnson a affirmé que «le diktat des technocrates de Bruxelles a largement impacté le choix des priorités de la distribution de la manne financière destinée à l’aide internationale», pointant surtout «le financement des efforts diplomatiques dans les zones de conflit, à l’image du chaos qui règne en Libye» et qui devrait, selon lui, figurer en tête de liste des priorités de l’intervention de l’ensemble des principaux acteurs internationaux dans cette région.
B. S.
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