La presse occidentale prédit une année 2018 cauchemardesque à Mohammed VI
Par Sadek Sahraoui – De nombreux grands titres de la presse européenne s’attendent à ce que les manifestations sociales au Maroc se poursuivent cette année avec encore plus d’intensité. Certaines publications, comme La Croix de Belgique, estiment que la population du Rif a brisé le mur de la peur qui empêchait jusque-là les Marocains de se plaindre et que le Makhzen n’a pas les moyens de répondre aux attentes de ses administrés, dont la majorité vit dans une extrême misère.
La même source rappelle, d’ailleurs, que Mohammed VI a lui-même reconnu dans son discours du trône, en octobre dernier, l’échec du modèle de développement du Maroc, qui laisse sur le bas-côté une grande partie de la population, et prôné «un temps d’arrêt pour engager une réflexion critique». Les médias occidentaux mentionnent que ce qui risque aussi de mettre le feu aux poudres, c’est que, malgré cet aveu d’échec, Mohammed VI n’a pas mis fin à se politique répressive.
Des centaines de manifestants croupissent actuellement dans les geôles du Makhzen. Plus de 300 manifestants ont été déférés devant les tribunaux d’Al-Hoceima et de Nador. Nombre d’entre eux ont été condamnés à de lourdes peines de prison. 54 manifestants, dont le leader du mouvement Nasser Zefzafi, détenus à Casablanca depuis plus de six mois ont été déférés devant la chambre criminelle de la cour d’appel de Casablanca.
Le média belge fait remarquer dans un long article consacré cette semaine aux protestations au Maroc que la colère à Jerada a rejoint celle d’autres régions déshéritées du Maroc et mentionne que les manifestants ont baptisé leur mouvement «Hirak chaabi», «le mouvement populaire», en référence au Hirak qui a soulevé pendant des mois la ville d’Al-Hoceima, dans la région voisine du Rif.
Face à l’ampleur de la contestation, la presse française, qui est connue pour protéger Mohammed VI et le Makhzen, est obligée aussi de reconnaître que la vie au Maroc est loin d’être idyllique, comme elle a l’habitude de le dire. Radio France Internationale (RFI) avoue même que la protestation «s’élargit» de jour en jour.
Le journal La Tribune évoque, quant à lui, la crainte du gouvernement marocain de voir le mouvement s’étendre à d’autres régions ou déborder, comme ce fut le cas avec les événements d’Al-Hoceima de l’année dernière dans le Rif. Aux dernières nouvelles, effectivement, le sud du Maroc serait également en ébullition. Dans certaines localités, la population est dehors depuis déjà des semaines. Sauf qu’à la différence du Rif ou de Jerada, la presse observe un black-out sur ces régions déshéritées.
S. S.
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