Nettoyer d’abord
Par Kamel Moulfi – L’année 2018 est annoncée par Noureddine Allag, qui est le directeur général par intérim des Douanes algériennes, comme étant celle de la lutte sans merci contre les transferts illicites de devises. Face à ce qu’il appelle les «pratiques diaboliques» des importateurs, il compte sur la qualité du personnel mobilisé pour une opération qui s’apparente à une mission impossible. Les importateurs fraudeurs ont très rarement été pris dans les filets tendus aux frontières du pays par les douaniers. Il est fréquent que leurs marchandises prohibées, contrefaites ou surfacturées traversent les contrôles comme une passoire.
Le DG des Douanes a raison de mentionner la qualité du personnel. Il ne sert à rien, en effet, de prendre des décisions au niveau du gouvernement si au niveau «basique» de leur mise en œuvre concrète sur le terrain, le personnel qui en est chargé, n’étant ni convaincu de leur bienfondé ni motivé, laisse aller ou, pire, se montre vulnérable aux sirènes de la corruption qui l’invitent à fermer les yeux. Cette situation absurde est d’autant plus grave qu’elle concerne pratiquement toutes les administrations et, en particulier, celles qui ont pour mission le service public et sont en contact direct avec la population.
D’une façon générale, la non-application des mesures décidées par les autorités à un quelconque niveau sape la crédibilité de l’Etat, en plus qu’elle tend à aggraver les problèmes que rencontre la population. L’aveu implicite du DG des Douanes montre qu’il y a un effort exceptionnel à faire vers les personnels d’exécution dans tous les secteurs pour les former à la rigueur dans l’application des tâches qui leur sont demandées, mais aussi aux règles de la déontologie et de l’éthique de leurs professions, tout en les motivant matériellement pour les soustraire au risque de corruption.
Le contrôle et la sanction sont indispensables, c’est une évidence, mais c’est souvent ce double maillon qui fait défaut, pour diverses raisons, soit les uns couvrent les autres, soit des protégés sont intouchables, ce qui facilite les «pratiques diaboliques» des fraudeurs.
K. M.
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