Sortie du premier communiqué officiel en tamazight : l’Etat a-t-il tranché pour les caractères latins ?
Par R. Mahmoudi – Pour marquer le début de l’application effective des instructions données par le chef d’Etat pour la promotion de la langue amazighe, le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales a pris l’initiative, symbolique mais originale, de publier ce mercredi 10 janvier son premier communiqué officiel dans cette langue. Communiqué qu’on peut retrouver sur le site web du ministère. Il s’agit en fait de la traduction du communiqué écrit en arabe annonçant le début des inscriptions pour le Hadj 2018 à partir du 11 janvier, date qui coïncide avec Yennayer, jour de l’An Amazigh.
L’originalité dans cette initiative, c’est que le ministère a opté pour les caractères gréco-latins, alors qu’on sait que cette question est encore loin d’être tranchée. Dans l’attente d’un choix définitif, les quelques institutions publiques ayant eu l’idée d’adjoindre des inscriptions en tamazight aux côtés de celles écrites en arabe sur le fronton de leurs édifices l’ont jusqu’ici fait en caractères tifinagh. Seulement, le choix de ces caractères amazighs anciens reste tout à fait symbolique, et a l’avantage de ne soulever aucun litige. Car cette question continue à diviser les entre ceux qui, au nom d’une certaine idée de l’unité nationale, veulent imposer le choix des caractères arabes, et ceux, plus nombreux, qui préfèrent l’usage des caractères gréco-latins, arguant du fait que l’essentiel de la production littéraire dans cette langue est faite avec ces caractères et que, de ce fait, il est impensable de dilapider des efforts de plusieurs générations de berbérisants et de chercheurs.
Cette problématique s’était déjà posée au lancement, en 2015, de la version amazighe du site de l’agence officielle APS. Les promoteurs du projet ont été contraints de produire trois éditions différentes (en arabe, en gréco-latin et en tifinagh) pour la même version et le même contenu !
R. M.
Comment (29)