Conclusions de la CJUE sur l’accord de pêche UE-Maroc : le Makhzen menace à nouveau l’Europe de représailles
Par Sadek Sahraoui – Le Makhzen réagit toujours de la même manière lorsqu’il perd un bras de fer diplomatique en rapport avec le Sahara Occidental. C’est connu. Et sa réaction qui a suivi la publication, mercredi, par la Cour européenne de justice (CJUE) des conclusions de son avocat général Melchior Wathelet sur le niveau de légalité de l’accord de pêche UE-Maroc ne déroge pas à la règle. Fidèle à ses habitudes, le Maroc recourt donc à la menace et au chantage.
Aussitôt le contenu du rapport de Melchior Wathelet connu, Mohammed VI s’est empressé de faire comprendre à ses «partenaires européens» que cela pourrait mal se passer dans le cas où Bruxelles venait à prendre en ligne de compte le point de vue de la CJUE et entreprendrait une révision de l’accord UE-Maroc allant dans le sens souhaité par Melchior Wathelet. Il a clairement suggéré, à travers de certains titres connus pour être à ses ordres, qu’il pourrait être aussi amené à revoir considérablement à la baisse les efforts du Maroc en matière de lutte contre l’immigration clandestine, le terrorisme et la drogue. Dit autrement, Mohammed VI menace tout simplement les Européens de laisser grandes ouvertes ses frontières et d’inonder l’Europe en drogue, en migrants clandestins et en terroristes.
C’est connu, le haschich, les terroristes marocains et les migrants subsahariens ont toujours été des instruments de chantage de ce régime sur les pays européens. C’est ce même instrument de chantage que Mohammed VI avait utilisé en février dernier pour contraindre l’UE à ne pas appliquer les décisions de cette même cour de justice concernant l’accord agricole UE-Maroc. Rabat avait laissé passer des tonnes de drogue et plusieurs centaines de migrants africains dans l’enclave espagnole de Ceuta, pour faire pression sur l’Union européenne.
Comme aujourd’hui, la décision de la Cour de justice de l’Union européenne d’exclure le Sahara occidental de cet accord agricole avait d’abord suscité des menaces implicites de Rabat. «Comment voulez-vous que nous fassions le travail de bloquer l’émigration africaine si aujourd’hui l’Europe ne veut pas travailler avec nous», avait interrogé le ministre de l’Agriculture, Aziz Akhannouch, réputé proche du roi Mohammed VI, lors d’une interview accordée à l’agence de presse EFE le 6 février 2017. Et avec tout ça, certaines capitales comme Paris continuent à présenter Mohammed VI comme un modèle à suivre. Un scandale.
A rappeler que selon les conclusions de l’avocat général de la CJUE, Melchior Wathelet, l’accord de pêche conclu entre l’UE et le Maroc est invalidé en raison de son application au Sahara Occidental et à ses eaux territoriales. Aussi a-t-il estimé qu’«en concluant cet accord, l’Union a violé son obligation de respecter le droit du peuple du Sahara Occidental à l’autodétermination».
S. S.
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