Son congrès de Dakar vient d’être annulé : la franc-maçonnerie opère une offensive sur l’Afrique
Par Sadek Sahraoui – La franc-maçonnerie n’a toujours pas la cote en Afrique. Preuve en est, de nombreuses associations de société civile, notamment religieuses, se sont liguées pour faire annuler le 26e congrès de la franc-maçonnerie prévu les 2 et 3 février 2018 à Dakar. C’est d’ailleurs la seconde fois depuis 1985 qu’un congrès de francs-maçons est annulé au Sénégal à cause de la pression de la rue.
Avec ce niet catégorique, les Sénégalais font clairement comprendre qu’ils ne veulent pas d’une implantation, dans leur pays, de la franc-maçonnerie. Pour eux, les membres de cette organisation «néocolonialiste» sont des «suppôts de Satan».
Pourquoi le président Macky Sall a-t-il donné son feu vert à la tenue d’un tel congrès à Dakar, tout sachant que les francs-maçons sont honnis par la population ? Compte-t-il sur les réseaux de franc-maçonnerie africaine pour se faire réélire ? C’est ce que pensent certains observateurs dakarois, qui soutiennent par ailleurs que Macky Sall était prêt à offrir le Sénégal aux francs-maçons sur un plateau rien que pour rester au pouvoir. Mais c’était sans compter sur les puissantes associations religieuses du Sénégal qui n’ont pas hésité à brandir leur veto à la face de Macky Sall.
Dans un communiqué rendu public mercredi, une coalition regroupant une soixantaine d’associations islamiques et la plateforme «Ensemble, protégeons nos valeurs» s’est ainsi opposée avec vigueur à la tenue de cette réunion franc-maçonnique. «Ces congrégations occultes font insidieusement, sous prétexte de “protection des libertés”, la promotion de cette nouvelle forme d’infanticide qu’est l’avortement et l’apologie des unions contre nature, comme les mariages homosexuels», indique le document.
Ce 26e congrès devait avoir pour thème : «Francs-maçons et francs-maçons d’Afrique et de Madagascar, quel modèle de développement économique et social pour le progrès de nos sociétés : libertés, éducation, gouvernance ?». Dans l’un des prospectus qui devaient être distribués à l’ouverture de l’événement on peut lire : «Grand rassemblement maçonnique des sœurs et des frères d’Afrique et de Madagascar, le REEHFRAM constitue une occasion unique de réunir les réflexions qui sont conduites certes, sur l’avenir de l’Homme d’une manière générale mais plus précisément dans cette région du monde où la maçonnerie régulière, celle “qui ne s’occupe pas de politique” est très implantée». Le document indique également que «ces rencontres qui réunissent une grande majorité des obédiences maçonniques du continent africain sont organisées par la Conférence des puissances maçonniques d’Afrique et de Madagascar (CPMAM) créée à Libreville en février 1996».
Malgré son discours qui se veut rassurant, la franc-maçonnerie est détestée en Afrique. Pour de nombreux Africains, elle n’est rien d’autre qu’un refuge pour dictateurs, un relais de la Françafrique et une machine spécialisée dans la dépersonnalisation des peuples du continent. En dépit de cette résistance, les francs-maçons ont déjà infiltré de nombreuses sphères du pouvoir en Afrique.
S. S.
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