Course à l’allégeance
Par R. Mahmoudi – En déclarant, hier, lors de sa conférence de presse, qu’il ne se porterait pas candidat face au Président de la République, Ahmed Ouyahia n’a rien dit de nouveau puisqu’il s’était déjà prononcé sur cette question, à la veille même du très controversé quatrième mandat. Alors que, en fait, personne, y compris dans son camp, ne l’imaginerait jouer le lièvre dans une parodie de compétition. Ce n’est pas du tout sa vocation. On se demande alors pourquoi il se voit aujourd’hui obligé de le répéter, sans même d’ailleurs qu’on le lui demande.
Or, le fait qu’il le dise ou le réitère à l’heure actuelle peut nous aider à décrypter un peu plus les perspectives encore floues de l’année 2019. Car une lecture au deuxième degré de cette sentence – «Je ne me présenterai pas face au Président !» –, ramenée au contexte politique actuel, pose déjà comme une éventualité très normale l’idée d’un cinquième mandat qui était pourtant, et l’est encore, dans le discours officiel un sujet tabou. Donc, de ce point de vue, Ahmed Ouyahia est venu casser ce tabou avec brio et panache ; il ouvre en même temps un débat – enfin, la course à l’allégeance – qui tardait à s’ouvrir, alors qu’il ne reste plus qu’une année pour le grand rendez-vous de la présidentielle.
Par la même occasion, Ouyahia ouvre le bal en prêtant lui-même allégeance – «Je serai aux côtés du Président !» – et en appelant implicitement ses partisans à ranger les armes, à cesser toute attaque contre ses «frères ennemis» du FLN et, enfin, à ne plus donner l’impression qu’il existerait une «lutte de clans» au sein du pouvoir. C’est ainsi qu’il s’assure d’ores et déjà un rôle à jouer dans cette échéance capitale et espère, dans le même temps, éviter la disgrâce qui restait suspendue sur lui comme un glaive.
R. M.
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