Messahel appelle à une «approche globale» face au phénomène migratoire
Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a appelé, dimanche à Alger, à intégrer les dimensions de sécurité et de développement en adoptant une «approche globale» face au phénomène migratoire qui se pose dans la région méditerranéenne.
«Notre région fait face au phénomène migratoire, une question fondamentalement humaine, qui appelle une approche globale, intégrant les dimensions de sécurité pour éradiquer les réseaux criminels liés à la traite humaine, de développement pour lutter contre les causes économiques et sociales et le respect de la dignité humaine en conformité avec les droits humains et les conventions internationales et régionales y afférents», a-t-il déclaré à l’ouverture de la 14e Conférence des ministres des Affaires étrangères du Dialogue 5+5 qu’il a coprésidée avec son homologue français, Jean-Yves Le Drian.
Pour Messahel, «la Méditerranée qui a été, au cours de sa longue histoire, une zone de fracture devrait pouvoir devenir un espace de coopération et de prospérité partagée et retrouver ainsi sa vocation de creuset civilisationnel, culturel et humain, riche et pluriel, devant constituer le socle sur lequel nous devrions bâtir une communauté méditerranéenne au destin commun qui favoriserait les échanges et la mobilité entre les deux rives». Il a souligné dans ce sens que le Dialogue 5+5 «est le cadre qui permet de forger le consensus autour d’une démarche à adopter face au phénomène migratoire qui devrait prendre la forme d’une approche multidimensionnelle, équilibrée et solidaire, cohérente avec notre partenariat régional», estimant que «le continent africain vit une migration intra-africaine beaucoup plus importante comparée à celle que connaît la région méditerranée dont les causes profondes trouvent leur explication dans les situations de crise et de conflit».
Rappelant que l’Algérie «qui servait de transit est devenue une destination de migrants en provenance des pays subsaharienne voisins», Messahel a estimé qu’«il est dans l’intérêt de tous de convenir d’une approche commune, basée sur le développement d’un partenariat économique et sur la solidarité et le respect de la dignité humaine pour faire face, de manière efficace et durable, à ce défi migratoire commun». «Notre région est parmi les zones qui souffrent le plus du terrorisme, phénomène qui n’est pas sans conséquence sur nos sociétés, nos économies et sur le développement de nos pays», a fait remarquer Messahel, ajoutant que «dans cet espace, le terrorisme s’appuie sur le crime organisé transnational lié à la traite humaine, au trafic de drogue et à la collecte des rançons».
Face à cette menace commune, «l’Algérie et certains des partenaires de notre Forum disposent de mécanismes informels bilatéraux de dialogue et de coopération qui donnent des résultats encourageants», a-t-il mentionné, précisant que l’Algérie «a également développé une stratégie de déradicalisation qu’elle met à la disposition des pays de la région et de la communauté internationale». Messahel a soutenu que le cadre du 5+5 «doit promouvoir un dialogue en vue de l’éradication de ce phénomène, dont la menace risque de s’accentuer en raison du retour des terroristes affiliés à “Daech”», soulignant que l’Algérie «qui se situe au centre de l’axe Europe-Maghreb-Méditérréannée-Afrique, a toujours montré sa pleine disponibilité à ne ménager aucun effort dans la construction d’un espace de paix, de convivialité et de coopération en Méditerranée occidentale».
Pour ce qui est des problématiques relatives au développement économique et social inclusif, à la jeunesse et à l’emploi, à la migration et au développement durable, ainsi que ceux liés à la sécurité, au terrorisme et à la radicalisation, Messahel a estimé qu’«il est réconfortant de constater que les nouvelles approches intègrent de plus en plus le concept de résilience qui englobe aussi bien l’éradication de la pauvreté et de l’exclusion, la création d’activité économique soutenable en faveur de la jeunesse et la protection de l’environnement, avec pour objectif de contribuer au renforcement des capacités des pays de la région, notamment ceux du Sud».
En phase avec les objectifs du développement durable des Nations unies dont l’achèvement dépend, tout autant de la coordination des efforts, de l’harmonisation des politiques que les moyens financiers mobilisés, ces nouvelles approches «doivent recevoir l’appui nécessaire des pays de la région et au-delà», a indiqué le ministre. Par ailleurs, Messahel a relevé que «l’Algérie, sous la conduite du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a engagé des efforts considérables pour consolider de manière pérenne les conditions d’un développement économique et social inclusif qui intègre les Objectifs de développement durable (ODD) et les engagements liés aux changements climatiques de la Convention internationale de Paris, appelée Cop 21». Il a rappelé, dans ce sens, que «des stratégies nationales sont menées par l’Algérie en vue de la promotion de la création d’emplois au profit des jeunes notamment, le développement harmonieux du pays et la relance économique autour de l’entreprise dans le cadre du nouveau modèle de croissance économique et du plan d’action du gouvernement».
Le Dialogue 5+5 regroupe les cinq pays de l’UMA (Algérie, Maroc, Tunisie, Libye et Mauritanie) pour la rive sud de la Méditerranée et l’Italie, la France, l’Espagne, le Portugal ainsi que Malte pour la rive Nord.
R. N.
Comment (11)